Strictement bienveillant
Très en vogue, la parentalité positive oppose la coopération et l’écoute aux ordres et aux punitions. Malgré des bienfaits éducatifs, ce concept a aussi ses détracteurs.
Forums, ouvrages, vidéos de conseils, ateliers… Le concept de parentalité positive, venu des Etats-Unis, s’appuie sur les neurosciences et, dans la lignée de pédagogues (Montessori, Freinet…), prône l’écoute des besoins et des sentiments de l’enfant, bannissant menaces et ordres, favorisant l’autonomie, la coopération… Des principes dans lesquels nombre de parents se retrouvent. « On considère de plus en plus l’enfant comme un adulte en devenir, avec qui on construit son éducation », analyse Nicolas Marquis, professeur de sociologie à l’université Saint-Louis de Bruxelles. « Remplacer les injonctions par de la coopération, les cris par un dialogue, les punitions par la réparation de bêtise, contribue à apaiser le quotidien », confirme Isabelle Filliozat, psychothérapeute, auteure de J’ai tout essayé (JC Lattès). Qui reconnaît cependant que « certains confondent liberté et licence ». L’éducation positive entretiendrait, en outre, « l’idée que l’on peut évacuer la violence dans les rapports humains. Ce qui peut déstabiliser lorsqu’on y est confronté », explique Nicolas Marquis.
Lâcher prise « Les enfants élevés de cette manière peuvent davantage être harcelés à l’école, car ils n’ont pas l’habitude de se défendre ni de se venger », analyse Isabelle Filliozat, qui estime néanmoins qu’à long terme, ces enfants « seront plus sûrs d’eux et capables de s’imposer vis-à-vis des autres adultes ». Le problème, selon Nicolas Marquis, c’est que « lorsque l’on a l’impression d’être un peu responsable de sa vie, on n’est plus enfant de la même manière. Cela prive d’une forme d’insouciance. » La parentalité bienveillante érigée comme un idéal pourrait aussi entraîner les pères et mères dans une course au parent modèle pleine de déceptions. « Quand la négociation avec l’enfant ne fonctionne pas, certains culpabilisent. Alors que l’éducation positive n’est pas une méthode miracle », conclut Nicolas Marquis.
« On considère de plus en plus l’enfant comme un adulte en devenir. » Nicolas Marquis, sociologue