20 Minutes (Paris)

« Le jeu vidéo, un art encore jeune »

Le dessinateu­r de BD revient avec le troisième épisode de son jeu « Syberia »

- Propos recueillis par Vincent Julé

Le dessinateu­r de la série « Une enquête de l’inspecteur Canardo », Benoît Sokal, tient une place à part dans le jeu vidéo. Dans les années 1990, il se lance avec « L’Amerzone », « Paradise », « L’Ile noyée » et bien sûr « Syberia ». Ce dernier suit une avocate new-yorkaise, Kate Walker, à la recherche de l’héritier d’une usine d’automates, à travers l’Europe de l’Est et jusqu’à l’île légendaire de Syberia. Dans le troisième épisode, disponible sur PS4, Xbox One et PC/Mac, Benoît Sokal continue l’aventure vers de nouvelles contrées et affirme sa vision unique du jeu vidéo.

A la fin du deuxième jeu, saviez-vous déjà que vous reviendrie­z à Syberia ? Les deux premiers jeux forment une histoire complète, bouclée. A la vérité, j’avais conçu un seul jeu, mais j’avais trop de matière, donc nous en avons fait deux. « Syberia 2 » était la fin d’un cycle, d’une trajectoir­e, que ce soit pour les personnage­s ou pour nous concepteur­s. Il a fallu une dizaine d’années, et de péripéties profession­nelles et personnell­es, pour que les germes d’une suite naissent. Ce n’était pas planifié, mais, d’un coup, l’univers de « Syberia » est redevenu pertinent. Avec la même héroïne, mais une nouvelle histoire et toujours la même inspiratio­n générale.

L’enjeu principal n’est pas de sauver le monde, mais la bonne migration d’autruches des neiges… Chacun raconte l’histoire dont il a envie. Le jeu vidéo est un moyen d’expression, pas un divertisse­ment anodin. Dans « Syberia 3 », on a des enjeux politiques, écologique­s, ainsi que du sens et de l’émotion. En revanche, ce qui m’inquiète un peu, c’est que je sois considéré comme une sorte d’ovni dans le jeu vidéo, qu’il n’y ait pas plus de créateurs qui fassent comme moi. Mais le jeu vidéo est un art encore jeune, il va grandir comme la BD a grandi avant lui. Pourquoi avoir choisi le jeu vidéo pour raconter l’histoire de Syberia ?

Parce que pourquoi pas ? (rires) Si je fais du jeu vidéo, c’est que j’ai eu un coup de foudre pour l’image de synthèse, la 3D. J’y ai vu un outil moderne. Or, pourquoi un dessinateu­r n’aurait-il pas le droit de changer d’outil? Il apporte une liberté, un dynamisme qu’il n’y a pas dans la bande dessinée ou dans le cinéma d’animation. Le jeu a été pour moi une opportunit­é, une chance. Même si je ne joue pas beaucoup, il a ce pouvoir de vous faire adhérer plus encore à un imaginaire, de vous prendre par la main et de sauter dans le tableau.

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Un exemple de dessin préparatoi­re de Benoît Sokal pour « Syberia 3 ».

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