Retirer son préservatif en plein rapport, une pratique vicieuse et dangereuse
C’est une pratique sexuelle qui effraie. Une étude publiée la semaine dernière par Alexandra Brodsky, une juriste américaine, s’intéresse au « stealthing » (furtivité). Cette technique consiste, pour l’homme, à retirer son préservatif en plein rapport sexuel, sans en avertir sa ou son partenaire. Pour la chercheuse, le « stealthing » est à ranger dans la catégorie des violences. Une analyse partagée par Marianne Niosi, conseillère au planning familial. « J’ai récemment discuté avec une femme qui prévoyait une IVG, racontet-elle. Avec son partenaire, elle avait commencé un rapport sexuel avec un préservatif… et elle a découvert qu’il l’avait enlevé avant la fin. Elle était horrifiée. » Pour la spécialiste, il n’y a pas d’hésitation à avoir : « C’est vraiment un comportement d’agresseur sexuel. » « Un manque d’empathie » Marianne Niosi opère un rapprochement entre le retrait « furtif » du préservatif et cette autre pratique qui consiste, pour les garçons, à « imposer le non-port du préservatif. C’est un manque d’empathie, une absence de réalisation du risque [de grossesse ou d’infections sexuellement transmissibles] qu’ils font courir à leur partenaire et à eux-mêmes. » Pour le sexologue Gilbert Bou Jaoudé, le « stealthing » peut répondre à plusieurs logiques : « Chez certains, le risque participe à l’excitation sexuelle. Il y a un deuxième ressort, rarement verbalisé : beaucoup d’hommes peuvent perdre leur érection ou avoir des difficultés à éjaculer lorsqu’ils mettent un préservatif. Donc ils peuvent être tentés de s’en débarrasser. Enfin, les progrès de la médecine font que les jeunes craignent beaucoup moins d’attraper le VIH. » Gilbert Bou Jaoudé tient à s’adresser aux femmes ou aux hommes victimes d’un partenaire peu scrupuleux : « Vous êtes toujours légitime à demander le port du préservatif. Si ça déplaît à l’autre, ça ne vaut pas la peine de continuer. Il vaut mieux gâcher ce moment que gâcher le reste de sa vie. »