Changement d’ère
Adieu, l’omniprésence à la Sarkozy et la présidence « normale » à la Hollande ! Dimanche, Macron a renoué avec les « classiques » de la fonction de chef de l’Etat.
Hommage à tous ses prédécesseurs, remontée des Champs-Elysées debout dans une jeep militaire, ton grave (lire ci-contre)... Dès ses premiers instants à la tête de l’Etat, dimanche, Emmanuel Macron a voulu incarner ce président « jupitérien » auquel il faisait allusion, en octobre, dans un entretien à Challenges. « Besoin d’une rupture » Pour Bruno Cautrès, chercheur au CNRS, cette formule est « une référence à la mythologie romaine, où Jupiter est le maître des autres dieux et de tous les êtres vivants. Cela décrit un président qui représente pleinement le pouvoir exécutif suprême. » Ainsi, le nouveau patron de l’Elysée souhaite « resacraliser la fonction présidentielle, estime Christian Delporte, historien spécialiste d’histoire politique. La parole omniprésente de Sarkozy et la présidence de l’anecdote de Hollande ont abouti à une baisse de la portée de la parole du président, qui a elle-même affaibli les institutions. » Le politologue Eddy Fougier voit, dans les mots de Macron, « une cohérence avec sa volonté de remettre en cause la façon de faire de la politique. Peut-être aussi le besoin d’une rupture avec Hollande, puisqu’on l’a accusé d’être son héritier. » A 39 ans, Macron a « finalement une vision très classique de la fonction présidentielle ». Toute la difficulté sera, pour lui, de « concilier la modernité de son action avec sa volonté de s’inscrire dans la continuité du temps long », souligne Christian Delporte. « Il pourra être un président-gouvernant qui impulse, tout en gardant de la distance », envisage Bruno Cautrès. Il devra toutefois « veiller, par son positionnement “jupitérien”, à ne pas renvoyer l’image de quelqu’un de reclus sous les dorures de l’Elysée», prévient Eddy Fougier. L’avenir le dira.