Une lutte politique très très bêtes
Le Parti animaliste sort les griffes
Avec pour slogan « Les animaux comptent, votre voix aussi », l’affiche électorale interpelle. « Notre parti a été conçu pour mettre en avant la cause animale plus que les personnalités qui s’investissent dans le mouvement », explique Hélène Thouy, l’une des quatre coprésidentes du jeune Parti animaliste, lancé en novembre. Consciente d’avoir « très peu de chance de faire entrer des candidats à l’hémicyle », la militante se réjouit pourtant d’avoir remporté une première bataille. Le parti, qui espérait jusqu’à 100 candidats pour le représenter, en aura finalement 147 répartis sur 54 départements. Ce qui ne surprend pas Daniel Boy, du Centre de recherches politiques de Sciences Po. « Petit à petit, la sensibilité à l’égard des animaux s’est accrue, les opinions ont changé. Une majorité des Français demandent aujourd’hui la suppression de la corrida. Ils étaient minoritaires en 2007. »
Une cause tranversale
Lors de la présidentielle, tous les candidats ont répondu aux propositions du collectif Animal Politique, qui regroupe26 ONG. Les réponses n’ont pas été à la hauteur des attentes du Parti animaliste, qui a donc décidé de s’investir dans les législatives. Son programme est évidemment axé sur le bien-être des bêtes. Il propose, entre autres, d’adosser à la Constitution une charte de la protection animale, de créer un ministère de la Protection animale ou de fixer un objectif national de réduction de la consommation de produits animaux de 25 % en 2025 par rapport à 2015. Le parti veut aussi faire de la défense de ces êtres une cause transversale capable d’apporter des solutions dans d’autres dossiers, y compris la lutte contre l’insécurité. « En identifiant les comportements problématiques à l’égard des animaux, on pourrait identifier les individus qui sont potentiellement dangereux aussi pour les humains, avance Hélène Thouy. Aux Etats-Unis, le FBI le fait déjà. » Daniel Boy reste prudent : « Les écologistes les plus fondamentalistes font la même erreur, estimant que toutes les questions sont d’ordre environnemental. Ce n’est pas vrai, et il est difficile de subsister dans le champ politique pour une seule cause. » Le Parti animaliste ne l’entend pas de cette oreille : « Nous ne voulons pas nouer des alliances ni donner des consignes de vote, mais gagner des élections », martèle Nathalie Dehan, autre coprésidente du parti qui a déjà en ligne de mire les Européennes.