Ma Voix compte sur les candidats inconnus
Le mouvement citoyen veut faire élire à l’Assemblée des inconnus tirés au sort
Pas de photo de candidat ni de logo, mais une simple question audessus d’un miroir dans lequel chacun peut se regarder : « Qui me représente le mieux? » Pour Ma Voix, mouvement citoyen né en septembre 2015, la réponse se trouve justement dans le miroir présenté, la semaine dernière, aux passants de la place de l’Odéon (Paris 6e). « Ici, on sort des cases traditionnelles et des chemins tous tracés, martèle Quitterie de Villepin, ex-journaliste et soutien du mouvement. Le 6 mai, lors d’une grande réunion, nous avons tiré au sort les 86 hommes et femmes qui allaient être candidats pour nous représenter à l’Assemblée nationale. C’était un moment très fort. » Avec une organisation horizontale, le mouvement, qui se présente dans 43 circonscriptions, n’a pas de « chef ». Les participants sont regroupés par ville ou par quartier. Sur les tracts, aucun programme n’est annoncé. « Nous proposons une méthode et non une idéologie, explique Nesrine, membre de la première heure. Chaque décision sera soumise à un vote en ligne. Si une majorité de personnes est en faveur d’une loi, le député votera pour. Si ce n’est pas le cas, il votera contre. » Elle assure qu’au sein de Ma Voix, personne ne fait passer ses propres idées devant celles de la communauté. « Je n’ai pas la moindre idée de quel bord politique sont mes collaborateurs. » Un mot d’ordre : « Agir » Aux passants qui s’inquiètent de voir des novices à l’Assemblée, Juliette, 21 ans, répond qu’elle a mis au point des outils pour les former à la vie politique. « Avec d’autres étudiants en droit à la Sorbonne, nous avons créé des Moocs sur différentes thématiques. Ce sont des cours en ligne qui ont pour but de rendre intelligible à tout le monde le fonctionnement des institutions. » Alice, « syndicaliste depuis de nombreuses années », salue les militants de Ma Voix. « Ils ont le mérite d’éveiller les consciences, mais je ne voterai pas pour eux. Faire pression sur les élus, ça date du XIXe siècle. La lutte, c’est dans la rue que ça marche. » Charles, un étudiant de 20 ans, se montre intéressé, mais se demande : « Qui me garantit que ceux qui iront siéger à l’Assemblée ne sont pas corrompus? » Place de l’Odéon, une danse est improvisée au milieu des passants. Le mot d’ordre du mouvement est « agir » : « On en a marre d’aller aux urnes tous les cinq ans pour sauver la République. On veut réengager les citoyens dans le processus de décision », martèle Nesrine. Et, si possible, « hacker l’Assemblée ».