20 Minutes (Paris)

Des cours de français dispensés aux migrants

L’associatio­n Baam enseigne bénévoleme­nt notre langue dans le 19e arrondisse­ment

- Camille Anger

Un travail de titan, et surtout « dans l’urgence ». Celui d’enseigner le français aux migrants à la rotonde de la Villette. Aux abords du bassin, dans le 19e arrondisse­ment de Paris, l’associatio­n Baam donne des cours en plein air depuis un an, tous les soirs de la semaine, sauf le dimanche. Trois bénévoles font répéter des expression­s à une trentaine de personnes, exclusivem­ent des hommes, protégés par une rangée d’arbres du soleil en été et du vent en hiver. « C’est de la survie », martèlent les bénévoles. Pierre fait partie de ces courageux investis dans l’accueil des migrants. Un acte militant pour contrebala­ncer « une politique défaillant­e », selon cet infirmier à la retraite. Et cette mission risque de durer « tant qu’il restera des migrants dans la rue ». Pierre fait comme il peut, avec ses moyens. « Mon seul diplôme, c’est le BEPC. » Ce soir-là, il détaille un vocabulair­e spécifique, celui de la maison. Pierre commence par la salle de bains. Les plus assidus tiennent dans leur main un cahier et notent tout, même la conjugaiso­n des verbes. Ils reprennent le verbe « tirer » au présent, au passé composé et au futur. Puis, celui qui s’improvise professeur passe à une autre pièce : la chambre.

Pour Adam, Inam ou Ahmed, c’est l’occasion de s’intégrer et de comprendre la société française.

Comment distinguer « la couette » de « la couverture », cerner la nuance entre « un tapis de bain » et « un tapis de sol » ? Abdoul, parti du Soudan en 2015, traduit les termes en arabe pour le groupe. A l’occasion, ce jeune homme de 26 ans aide les autres à comprendre le cours. Lui aimerait pouvoir écrire en français. Un passage obligé pour accomplir les démarches administra­tives. Pour les autres comme Adam, Inam ou Ahmed, c’est aussi l’occasion de s’intégrer et de comprendre la société française. Certains se montrent d’ailleurs très motivés. Louise, une bénévole de 22 ans, assure en accompagne­r quelques-uns « depuis un an ». A la fin du cours, plusieurs élèves se regroupent autour d’elle. Pour trouver un emploi, une activité, de l’aide. Ou bien juste une présence.

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Pierre se dévoue pour « contrebala­ncer une politique défaillant­e ».

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