Des contrôleurs incognito dans les Transilien
Les agents sont en civil pour surprendre les contrevenants
En tee-shirt, jean et baskets, il débarque au milieu du train de la ligne L (Paris-Meaux), enfile un brassard vert fluo indiquant « contrôle SNCF », puis lance : « Mesdames, Messieurs, bonjour, vérification des titres de transport, s’il vous plaît. » Pour lutter contre la fraude sur le réseau Transilien qui lui coûte environ 63 millions d’euros chaque année, la SNCF a décidé de déployer dans ses rames des équipes mixtes de contrôleurs en civil et d’agents en tenue. « Cette opération crée une incertitude pour les fraudeurs, tout en rassurant les usagers qui payent leur titre de transport », analyse Kais Chibouni, dirigeant d’unité de proximité opérationnelle au sein de SNCF Transilien (le gestionnaire des contrôleurs). « L’idée est de créer la surprise, sans piéger. Il y a un volet répressif, mais aussi pédagogique », indique Charles Manivil, chef des contrôleurs. Quelques minutes avant la montée dans le train, il lance à ses troupes : « Vous restez bien en binôme, dans la mesure du possible entre deux portes, et on communique sur WhatsApp. Aussi, vous gardez bien le brassard tout le long de la régularisation. » Les portes du train sont à peine fermées que les premières amendes tombent rapidement : 50 € si elle est réglée immédiatement, 100 € en différé. Et ceux – « les refoulants » – qui cherchent à partir discrètement en voyant les agents en tenue tombent eux aussi dans le filet des « civils ». Bientôt sur d’autres lignes « Comme les autres agents, je me suis porté volontaire pour travailler en civil, témoigne Benjamin, contrôleur depuis quinze ans. Ce n’est pas le même aspect. Nous devons, par exemple, bien nous présenter et, surtout, nous avons affaire à des “clients” qui, d’habitude, partent quand ils nous voient. » Pour eux, il est donc nécessaire de « travailler davantage sur l’observation et le discours », reprend Charles Manivil. Pour le moment, SNCF Transilien n’a pas d’objectif chiffré sur ce dispositif, mais « ça reste positif, il n’y a pas d’éclats de voix ». Et l’opération est d’ores et déjà prévue sur d’autres lignes.