20 Minutes (Paris)

Ça ne tombe plus à pic

Les arrivées au sommet sont moins décisives

- Julien Laloye

«Ils attendent quoi pour attaquer ? » Durant le Giro, à chaque étape de montagne avec arrivée au sommet, la même réflexion revenait. Des coureurs au niveau à peu près équivalent qui se marquent, des petites accélérati­ons pas très franches, et puis tout un petit groupe qui redevient compact. Les arrivées en altitude ne sont plus aussi décisives. Il n’y a qu’à voir le Tour de France 2016 pour s’apercevoir que Chris Froome a principale­ment construit sa victoire sur le contre-lamontre. Et remonter à l’édition 2015, et la première étape pyrénéenne, pour voir le Britanniqu­e créer une grosse différence en montagne. « Diluer les difficulté­s » « Depuis quelques années, les meilleurs ont un niveau de plus en plus homogène, surtout sur les courses de trois semaines, analyse David Moncoutié, qui a connu les heures plus ou moins glorieuses des envolées tranchante­s en altitude au début des années 2000. Personne n’a les jambes pour créer de gros écarts. C’est bon pour le suspense et pour la crédibilit­é du vélo. » Les leaders sont également devenus plus intelligen­ts dans leur effort. « L’arrivée des watts [mesure qui permet de connaître la puissance développée par le cycliste] a changé beaucoup de choses, confirme Moncoutié. Les meilleurs grimpeurs ont l’habitude de s’entraîner à certains seuils et savent gérer leur effort pour ne pas exploser bêtement. » Les organisate­urs des grandes courses ont aussi un oeil sur le problème. « Le but est de diluer les difficulté­s, de sortir des sentiers battus, expliquait en 2014 Thierry Gouvenou, le grand ordonnateu­r du parcours du Tour de France. Nous devons nous adapter à la nouvelle façon de courir des équipes, très scientifiq­ue, très contrôlée. » Résultat, la 104e Grande Boucle, qui s’élance samedi, ne compte que trois arrivées au sommet, mais propose des alternativ­es séduisante­s sur le papier. Comme cette étape casse-pattes entre Saint-Girons et Foix (Ariège) et ses 100 km de montée-descente, avec passage par le mur de Péguère et ses pourcentag­es à 18 %. Un avant-goût de ce que l’on verra les prochaines années? « Le but, c’est de dessiner un Tour sans arrivée au sommet dans les grands massifs, résume Thierry Gouvenou. Proposer des étapes où le général peut se jouer dans les massifs intermédia­ires, avec de courtes arrivées au sommet, et des étapes classiques. » Suffisant pour que le spectacle revienne dans le peloton ? « Les descentes ou les étapes ventées sont des terrains qui permettent d’imaginer des organisati­ons tactiques surprenant­es », juge David Moncoutié.

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En haute montagne, les écarts entre les leaders sont moins importants.

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