Les artisans au bout du Tunnel
Un projet de ZAC menace l’ancienne gare frigorifique de la Rapée et ses locataires
Quatre mille logements, trois écoles, des tours, etc. Le projet de la ZAC Bercy-Charenton, qui doit émerger en 2030, va modifier le visage du 12e. Et inquiète les locataires du Tunnel des artisans, situé au niveau inférieur de l’ancienne gare frigorifique de la Rapée, laquelle sera chamboulée avec les futurs travaux. « Sans avoir encore déterminé le type d’activité qui y prendra place (…), une remise en état partielle de la gare est prévue », annonce Catherine Baratti-Elbaz, la maire d’arrondissement. Quant aux « conditions de travail dans le Tunnel, elles ne sont pas décentes », juge-t-elle. Une « aberration », s’emporte Navarro, membre du collectif Le Baron le Roy, opposé au projet de ZAC. S’il a pu ouvrir un studio de cinéma dans le Tunnel, c’est notamment grâce au loyer abordable qu’il verse à la SNCF, propriétaire des travées où sont installés quelque 150 professionnels. Or, « si la Mairie nous déloge, c’est fini », craint-il. D’autant plus que, sans visibilité au-delà du 31 janvier 2018, date de la fin de leur convention, lui et ses voisins essuient « le refus des banques pour demander des crédits d’investissement ».
« C’est ici ou rien »
Même inquiétude du côté de Taieb, le doyen du Tunnel. Depuis 1997, ce négociant revendeur de vins et spiritueux livre « 80 entreprises parisiennes ». « C’est ici ou rien », clame celui qui apprécie la température naturelle du lieu : 14 °C en moyenne. « Trouveznous un autre endroit sur la capitale où nous pouvons nous passer de climatisation ! C’est le plus grand réfrigérateur de Paris. » Philippe, métallier, souligne, lui, que, « au moins, personne ne vient se plaindre des bruits liés à notre activité ». Les artisans ont obtenu le soutien de Bernard Lavilliers. Un clip tourné sur place doit sortir à la rentrée.