20 Minutes (Paris)

LREM marche sur des oeufs pour les sénatorial­es

Une victoire du parti du président à la chambre haute n’est pas du tout acquise

- Anne-Laëtitia Béraud

Après sa victoire à la présidenti­elle et aux législativ­es, LREM peut-il faire basculer le Sénat ? Rien n’est moins sûr pour le parti du président Macron. Tout d’abord parce que, lors du scrutin du 24 septembre, seule la moitié de la chambre haute va être renouvelée, soit 170 sièges de sénateurs, freinant toute vague macroniste. Par ailleurs, les 76359 grands électeurs de ce scrutin sont, pour 95 %, des délégués des conseils municipaux largement issus des partis traditionn­els de droite et de gauche. Autre souci, le mécontente­ment des élus locaux, qui ont vu les dotations de l’Etat aux collectivi­tés locales passer de 40 à 30 milliards d’euros entre 2008 et 2017. Les annonces de l’exécutif concernant 13 milliards d’économies, en plus des projets de réduction du nombre de parlementa­ires et de non-cumul des mandats, alimentent la grogne. « C’est une saignée imposée aux territoire­s, lâche FrançoisNo­ël Buffet, sénateur LR du Rhône. Le gouverneme­nt a fait une erreur politique avec ces annonces. Et n’allez pas croire que les élus locaux n’ont pas de mémoire. »

Les réformes en péril ? Un échec de LREM aux sénatorial­es représente­rait une épine dans le pied du gouvenemen­t, alors qu’il souhaite faire adopter de grandes réformes constituti­onnelles d’ici à l’été 2018. Celles-ci nécessiten­t le soutien des trois cinquièmes de l’Assemblée nationale et du Sénat, soit 555 parlementa­ires. La solution pour le parti du président serait de chasser des soutiens dans les autres formations politiques du Parlement, alors que le groupe LREM compte 309 députés à l’Assemblée. Signe que la grande recomposit­ion politique n’est toujours pas achevée au Parlement, des sénateurs centristes (Modem, UDI), du groupe socialiste et républicai­n (avec des radicaux de gauche), ainsi que des membres LR menés par la sénatrice Fabienne Keller, seraient sensibles à l’appel de LREM. Mais rien n’est acté, murmure-t-on parmi des sénateurs contactés par 20 Minutes. Un symbole de ce chamboule-tout toujours à l’oeuvre pourrait être la candidatur­e de Patrice Joly, dans la circonscri­ption de la Nièvre. Président socialiste de ce départemen­t longtemps acquis à la gauche, l’homme n’a pas demandé l’investitur­e du PS pour ce scrutin, alors que sa principale concurrent­e, la sénatrice sortante Anne Emery-Dumas, est passée du PS à LREM. « Nous sommes dans une phase de recomposit­ion politique, confie l’élu, et peut-être toujours dans une phase de décomposit­ion. »

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Emmanuel Macron et le président du Sénat, Gérard Larcher, le 14 juillet.

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