20 Minutes (Paris)

L’APL risque de battre de l’aide

L’aide personnali­sée au logement sera calculée sur la base des revenus en cours en 2019

- Delphine Bancaud

Encore un chamboulem­ent à prévoir. Après la baisse des aides personnali­sée au logement (APL) de 5 € par mois et par foyer annoncée cet été et la baisse des APL versées par l’Etat aux bailleurs sociaux envisagée par l’exécutif, le secrétaire d’Etat à la Cohésion des territoire­s, Julien Denormandi­e, a indiqué dans Le JDD que, dès le 1er janvier 2019, les APL seront calculées sur la base des revenus en cours. Une mesure qui, selon lui, « permettra d’économiser plus d’un milliard d’euros », et qui sera aussi « plus juste ». « Aucun gagnant » « Le montant des APL que vous percevez prend pour référence votre revenu d’il y a deux ans. Donc, si je travaille, alors que j’étais au chômage il y a deux ans, je touche un montant d’APL qui n’est pas en relation avec ce dont j’ai besoin aujourd’hui », a-t-il argué dans l’hebdomadai­re. « Du point de vue de la justice sociale, cette mesure semble logique », commente Jean-Claude Driant, professeur à l’Ecole d’urbanisme de Paris et spécialist­e des politiques du logement. Mais « il n’y aura pas de gagnants dans cette affaire », prévient quant à lui Christophe Robert, délégué général de la Fondation AbbéPierre. Car la mesure pourrait pénaliser les jeunes allocatair­es, qui commencent tout juste à travailler. « Leur salaire étant plus élevé que lorsqu’ils étaient étudiants, ils toucheront moins d’APL, voire pas du tout », avance Jean-Claude Driant. Et d’estimer : « L’APL va perdre sa fonction d’aide redistribu­tive, qui permettait notamment de soutenir les jeunes dans le démarrage de leur vie active. » Christophe Robert abonde : « Ce système va compliquer la vie des allocatair­es qui sont en CDD, en intérim et qui ont des emplois précaires. Car le montant de leur APL va être recalculé souvent et entraîner des ruptures de droit à certains moments. Cela va créer une instabilit­é qu’ils n’avaient pas lorsque l’APL était calculée en fonction des revenus de l’année entière. Et l’on peut craindre que cela engendre des situations de trop-perçu, pénibles à régler. » Plus globalemen­t, le délégué général de la Fondation Abbé-Pierre estime aussi que les différents tours de vis sur les APL risquent d’avoir des conséquenc­es sociales fortes : « L’Inspection générale des affaires sociales a bien démontré que les APL étaient très efficaces pour faire sortir des gens de la pauvreté et les aider à se maintenir dans un logement. Rappelons qu’une personne seule qui touche 1100 € net ne peut plus bénéficier des APL, un foyer avec deux Smic net non plus. »

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La mesure, censée être « plus juste », pourrait pénaliser les jeunes actifs.

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