20 Minutes (Paris)

L’espoir puis le trou noir

Alaphilipp­e y a cru mais Sagan a été sacré champion du monde

- Bertrand Volpilhac

L’histoire était tellement belle qu’elle en a fait sauter les faisceaux télé. Seul au monde à trois kilomètres de l’arrivée, vingt ans après le sacre de Laurent Brochard, dernier français en arc-en-ciel, Julian Alaphilipp­e filait vers un titre de champion du monde à Bergen, en Norvège. Et puis la panne. Plus d’images pour le monde, plus de jambes pour lui. La caméra placée sur la ligne d’arrivée – la seule qui fonctionne encore – regarde fixement vers un horizon où on espérait voir le Français apparaître. Mais le premier maillot que l’on aperçoit n’est pas bleu… Et personne ne sait vraiment ce qu’il s’est passé entre-temps.

« Aucun regret » « Je ne me rappelle plus où et quand exactement je me suis fait rattraper par le groupe qui joue la gagne, débriefe Alaphilipp­e. Mais j’ai donné tout ce que j’avais. Je suis fortement fatigué, là… J’y ai cru, j’ai tout donné jusqu’à la ligne. Il était compliqué de résister au retour du peloton… » Le scénario est aussi fou que cruel pour l’Auvergnat. Parti en costaud dans la côte de Salmon Hill, il était encore une fois le plus fort du peloton. Encore une fois, il repart finalement sans médaille (10e). Comme aux Jeux olympiques de Rio en 2016, où l’on avait parlé de regrets qui « allaient le hanter toute sa vie », ces Mondiaux de Bergen vont ajouter une nouvelle petite boule bleue dans la boîte à souvenirs du puncheur français. Même s’il veut se convaincre de l’inverse : « Ce soir [dimanche], je n’ai aucun regret, j’ai tout donné, j’ai tenté le tout pour le tout, assure Alaphilipp­e. Je ne nourris pas de regrets. Mais je suis forcément déçu, car j’en avais très envie. » Rassurons-nous comme on peut, Alaphilipp­e n’a que 25 ans et le temps d’en gagner d’autres. Même si, à cet âge-là, Peter Sagan remportait son premier titre de champion du monde. A 27 ans, maintenant, le Slovaque a enfilé son troisième maillot arc-en-ciel consécutif. Sans qu’on ne le voie de la journée, d’ailleurs. En renard, il a commencé sa course dans la dernière ligne droite, sautant le Norvégien Alexander Kristoff sur la ligne. Dommage, Julian, éviter les caméras, c’était pourtant bien le thème du jour.

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Le Français Julian Alaphilipp­e, au championna­t d’Europe en 2016.

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