Un grand courroux sur les terrains
Sportifs et propriétaires de franchises protestent contre les propos de Donald Trump
Frères d’armes. Lundi, le propriétaire de l’équipe de football américain des Dallas Cowboys a mis un genou à terre, les bras liés à ceux de ses joueurs. Jerry Jones, qui a pourtant donné plus d’un million de dollars à Donald Trump pendant la campagne présidentielle, a voulu envoyer « un message d’unité et d’égalité » au président américain. En appelant à « virer ces fils de putes » qui « ne respectent pas le drapeau et l’hymne », Trump a ravivé l’incendie allumé par Colin Kaepernick en 2016. A l’époque, le quarterback de San Francisco était relativement esseulé dans son combat. Cette fois, une immense partie de la NFL s’est unie avant les matchs, dans une vaste vague de protestation. « Il se passe quelque chose de fort. On attend de voir si ce n’est pas qu’un feu de paille », analyse Louis Moore, professeur d’histoire à Grand Valley State University. Pour l’instant, il s’agit surtout « d’une union sacrée contre les attaques » de Trump, et pas d’un « vaste mouvement pour la justice sociale et raciale ». Ça gronde aussi en NBA « Nous avons choisi de nous agenouiller car c’est un geste respectueux, comme un drapeau en berne », explique Eric Reid, le safety des 49ers de San Francisco, dans un édito du New York Times. Avec un genou à terre, Reid dénonce « les brutalités policières, l’oppression et les inégalités du système judiciaire ». En réponse à ce mouvement, Donald Trump tire et tweete à tout va. Samedi, il s’en est aussi pris à Stephen Curry, la star de la NBA, en lui retirant son invitation à la Maison-Blanche. LeBron James a riposté, traitant le président de « tocard ». Aux Etats-Unis, quand des superstars critiquent un président et deviennent des porte-parole nonofficiels du mouvement Black Lives Matter, le monde écoute. Car les athlètes américains, qui restent dans le système éducatif jusqu’à l’université, sont moins isolés des questions de société que les footballeurs français partis en centre de formation à 12 ans. Surtout, un sportif comme LeBron James « n’a pas coupé le cordon » avec les quartiers défavorisés de Cleveland où il a grandi, note Louis Moore. Il s’implique sur le terrain, fidèle à la tradition américaine de renvoyer l’ascenseur à sa communauté. Alors que les démocrates n’ont toujours pas digéré leur défaite, les athlètes sont désormais en première ligne pour mener la fronde. Donald Trump a mal choisi son ennemi.