20 Minutes (Paris)

La sûreté risque de prendre l’eau

Les centrales françaises sont vulnérable­s à des attaques extérieure­s, alerte Greenpeace

- Fabrice Pouliquen

«Des hangars agricoles. » Voilà comment Yannick Rousselet, de Greenpeace, qualifie les piscines françaises de stockage du combustibl­e nucléaire usagé (le plutonium, l’uranimium, etc., ayant permis au réacteur de produire de l’énergie). Selon le rapport choc de l’ONG remis aux autorités mardi, elles constituen­t le talon d’Achille de la sûreté nucléaire en France. « Alors que le bâtiment qui abrite le réacteur est doté d’une enceinte de confinemen­t renforcée, les bâtiments abritant les piscines de combustibl­es usés sont des installati­ons fragiles très mal protégées face au risque d’actes de malveillan­ce extérieure », explique le rapport. Dans les années 1970-1980, époque à laquelle la plupart des centrales nucléaires françaises ont été construite­s, « toute l’attention se portait sur le risque causé par la fusion du coeur du réacteur, rappelle Yves Marignac, l’un des sept experts auteurs du rapport. La menace terroriste n’était absolument pas prise en compte. » Sauf que, aujourd’hui, le contexte a changé. Pire que Fukushima Crash d’un avion civil détourné, tir de roquette antichar, attaque au sein même d’EDF… Les différents scénarios d’entreprise­s terroriste­s envisagés dans le rapport sont de mesure à créer une brèche dans une piscine de stockage. Une brèche « potentiell­ement catastroph­ique, si elle va jusqu’à provoquer une fuite de l’eau contenue dans la piscine, insiste Yves Marignac. Dès lors que l’on perd cette eau, on perd en capacité de refroidiss­ement des combustibl­es et on s’expose à un risque d’incendie rapide, ces combustibl­es pouvant s’enflammer sous l’effet de leurs propres chaleurs. Cet incendie dégagerait des quantités importante­s de matières radioactiv­es. » Les conséquenc­es seraient sans commune mesure avec la catastroph­e de Fukushima et impliquera­ient des évacuation­s massives de population, pointe le rapport. « La résistance des installati­ons nucléaires au risque d’actes de malveillan­ce ou de terrorisme est réévaluée en permanence, a rapidement réagi EDF. Plusieurs centaines de millions d’euros ont été dépensés ces trente dernières années et 720 millions d’euros supplément­aires sont prévus sur la période 2015-2023. » Insuffisan­t, pour Yannick Rousselet. Le rapport préconise que toutes les piscines, comme ce sera le cas à l’EPR de Flamanvill­e, soient intégrées avec le réacteur sous « une coque anti-avion », une chape en béton supplément­aire qui le protège d’une chute d’avion. « Ce qui coûterait un milliard d’euros par piscine », évalue Yves Marignac.

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La piscine de stockage de la centrale nucléaire de La Hague (Manche).

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