La sûreté risque de prendre l’eau
Les centrales françaises sont vulnérables à des attaques extérieures, alerte Greenpeace
«Des hangars agricoles. » Voilà comment Yannick Rousselet, de Greenpeace, qualifie les piscines françaises de stockage du combustible nucléaire usagé (le plutonium, l’uranimium, etc., ayant permis au réacteur de produire de l’énergie). Selon le rapport choc de l’ONG remis aux autorités mardi, elles constituent le talon d’Achille de la sûreté nucléaire en France. « Alors que le bâtiment qui abrite le réacteur est doté d’une enceinte de confinement renforcée, les bâtiments abritant les piscines de combustibles usés sont des installations fragiles très mal protégées face au risque d’actes de malveillance extérieure », explique le rapport. Dans les années 1970-1980, époque à laquelle la plupart des centrales nucléaires françaises ont été construites, « toute l’attention se portait sur le risque causé par la fusion du coeur du réacteur, rappelle Yves Marignac, l’un des sept experts auteurs du rapport. La menace terroriste n’était absolument pas prise en compte. » Sauf que, aujourd’hui, le contexte a changé. Pire que Fukushima Crash d’un avion civil détourné, tir de roquette antichar, attaque au sein même d’EDF… Les différents scénarios d’entreprises terroristes envisagés dans le rapport sont de mesure à créer une brèche dans une piscine de stockage. Une brèche « potentiellement catastrophique, si elle va jusqu’à provoquer une fuite de l’eau contenue dans la piscine, insiste Yves Marignac. Dès lors que l’on perd cette eau, on perd en capacité de refroidissement des combustibles et on s’expose à un risque d’incendie rapide, ces combustibles pouvant s’enflammer sous l’effet de leurs propres chaleurs. Cet incendie dégagerait des quantités importantes de matières radioactives. » Les conséquences seraient sans commune mesure avec la catastrophe de Fukushima et impliqueraient des évacuations massives de population, pointe le rapport. « La résistance des installations nucléaires au risque d’actes de malveillance ou de terrorisme est réévaluée en permanence, a rapidement réagi EDF. Plusieurs centaines de millions d’euros ont été dépensés ces trente dernières années et 720 millions d’euros supplémentaires sont prévus sur la période 2015-2023. » Insuffisant, pour Yannick Rousselet. Le rapport préconise que toutes les piscines, comme ce sera le cas à l’EPR de Flamanville, soient intégrées avec le réacteur sous « une coque anti-avion », une chape en béton supplémentaire qui le protège d’une chute d’avion. « Ce qui coûterait un milliard d’euros par piscine », évalue Yves Marignac.