Kathryn Bigelow sonde les raisons de la colère
« Detroit » revient sur les émeutes raciales de 1967
Dans Detroit, Kathryn Bigelow revient sur les émeutes raciales qui se sont déroulées en 1967 dans cette ville du Michigan, aux EtatsUnis. Elle évoque surtout les tortures subies par les clients de l’Algiers Motel aux mains de flics racistes. Will Poulter, en policier haineux, et John Boyega, en agent de sécurité dépassé, emportent ce film choral intense et brillamment réalisé. « Il me semblait indispensable de revenir sur ces événements presque oubliés », raconte à 20 Minutes la réalisatrice de Démineurs. Certains des survivants, comme Melvin Dismukes (incarné par John Boyega), ont épaulé son projet. « Il m’a avoué que cela lui avait fait du bien qu’un film soit consacré aux épreuves qu’il a endurées, reconnaît le comédien. Il a été d’une générosité énorme. » La séquence d’interrogatoire qui constitue le centre du film se révèle d’une intensité difficilement supportable. Au-delà des frontières Avant de recevoir le scénario, John Boyega (25 ans) et Will Poulter (24 ans) n’avaient jamais entendu parler de l’Algiers Motel. « Bien que nous soyons tous deux anglais, ces faits nous ont tout de suite parlé, car il n’y a pas qu’aux Etats-Unis que les abus de la police et le racisme sont constatés », explique Poulter, qui joue un sadique teigneux. « Le racisme, la bêtise et l’ignorance n’ont pas de nationalité. C’est pour cela que je suis persuadée que ce que raconte mon film dépasse les frontières », déclare Kathryn Bigelow. Cela semble évident tant l’action prend aux tripes dès les premières scènes de foule entre policiers et manifestants. On sort de son film galvanisé, avec l’envie de s’insurger contre le racisme, l’injustice et l’arbitraire.