20 Minutes (Paris)

Les expos sur Gauguin se visitent différemme­nt

- Fabien Randanne

Le Grand Palais (Paris 8e) accueille « Gauguin l’alchimiste » depuis mercredi et jusqu’au 22 janvier. Cette même exposition était à l’affiche, cet été, à l’Art Institute de Chicago – qui s’est associé avec les musées parisiens d’Orsay, de l’Orangerie et le Grand Palais pour la mettre sur pied. Le noyau dur reste le même des deux côtés de l’Atlantique, comme l’affirme Ophélie Ferlier-Bouat, l’une des commissair­es de l’expo, mais l’expérience du visiteur est loin d’être identique.

Des visites différente­s

« A Paris, il est possible de voir des oeuvres qui n’étaient pas à Chicago. Les musées de l’Ermitage (Saint-Pétersbour­g) et Pouchkine (Moscou) nous ont fourni six toiles, et les musées russes ne prêtent pas à leurs homologues américains », explique l’experte. On pourrait préjuger qu’à Chicago les panneaux explicatif­s ont été adaptés pour le public américain, moins familier de Paul Gauguin que les Français. « Pas forcément, infirme Ophélie FerlierBou­at. Il fait partie des artistes que les Américains connaissen­t bien. En revanche, nos confrères, là-bas, avaient des doutes sur le titre. Ils trouvaient que “l’alchimiste”, ça faisait trop intello. » Elle reprend : « En France, on a presque plus contextual­isé. On a mis plus d’oeuvres “de comparaiso­n”. On met son travail en rapport avec celui de Pissarro ou de Degas, par exemple. » Au Grand Palais, la scénograph­ie mise sur l’obscurité quand le musée de Chicago osait les murs aux couleurs lumineuses, notamment le jaune et l’ocre, rappelant les teintes des toiles de Gauguin. Les oeuvres exposées ne sont pas non plus mises en valeur de la même manière. Bois de la maison du jouir, qui ornait l’entrée de la maison du peintre aux îles Marquises, apparaît comme une sorte d’arche dans le parcours parisien alors que, à Chicago, il était présenté plus platement, contre un mur, en fin de visite. L’esprit de l’exposition n’est quant à lui pas « lost in translatio­n » : les quelque 230 oeuvres (peintures, céramique, gravures, sculptures) rassemblée­s mettent en lumière les sources d’inspiratio­n et les motifs récurrents de Paul Gauguin, un artiste plus avantgardi­ste que certains ne le pensent.

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« Gauguin l’alchimiste », au Grand Palais, est visible jusqu’au 22 janvier.

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