Une assurance pas rassurante
Le financement de l’allocation chômage universelle voulue par Macron pose problème
C’est reparti pour un tour. Après la réforme du Code du travail, le chef de l’Etat lance ce jeudi les grands travaux dans la formation professionnelle, l’apprentissage et l’assurance-chômage. Cette dernière, d’après les engagements de campagne d’Emmanuel Macron, devrait bénéficier à tous les actifs, ce qui la rendrait « universelle ». Outre les salariés démissionnaires, qui pourront y recourir une fois tous les cinq ans, les allocations seront en effet aussi ouvertes aux indépendants, agriculteurs, chefs d’entreprise, etc. L’élargissement de ce droit devrait mécaniquement conduire à une augmentation du nombre d’inscrits à Pôle emploi, mais aussi du budget consacré aux prestations et ce, dans des proportions considérables. D’après une étude du ministère du Travail citée par Les Echos, il faudrait y consacrer entre 8 et 14 milliards d’euros la première année, entre 3 et 5 milliards d’euros les années suivantes. Problème : aucun financement nouveau n’est prévu pour compenser cette hausse. L’augmentation de la CSG ne dégagera aucune recette supplémentaire puisque, dans le même temps, les cotisations chômage et maladie des salariés seront supprimées. Avec plus de chômeurs, mais pas plus d’argent, « il y a très clairement le risque d’une baisse des allocations », affirme Denis Gravouil, chargé des négociations sur l’assurance-chômage à la CGT. « Radiations de masse » Pour limiter le surcoût de sa mesure, Emmanuel Macron promet « un contrôle accru de la recherche d’emploi ». Par exemple, un demandeur d’emploi pourra être radié si « l’intensité de [sa] recherche d’emploi est insuffisante ». Une idée qui fait bondir Denis Gravouil : « Le modèle de Macron, c’est le modèle allemand, avec un contrôle permanent. On risque d’avoir des radiations de masse et de se retrouver avec des travailleurs pauvres. » La CFDT ne se montre pas non plus convaincue. Pour sa secrétaire générale adjointe, Véronique Descacq, il faut limiter les conditions d’accès à Pôle emploi des salariés démissionnaires afin de préserver les droits des autres demandeurs. « Sinon, estime-t-elle, on va favoriser les salariés les plus qualifiés. Ils se mettront au chômage quelques mois, en étant sûrs de retrouver un emploi derrière. Au lieu de sécuriser les plus fragiles, on offre des opportunités à ceux qui n’en ont pas forcément besoin. » Les concertations avec l’exécutif n’ont pas démarré, mais les arguments sont déjà affûtés.