Raconter une histoire au visiteur
Le commissaire de l’exposition Irving Penn au Grand Palais nous dévoile ses coulisses
D’un côté, Irving Penn, grand maître de la photographie américain, des milliers et des milliers d’images prises entre 1938 et 2009. De l’autre, le grand public. Au milieu, un célèbre bâtiment parisien, le Grand Palais, et le commissaire de l’exposition Irving Penn, Jérôme Neutres. Charge à lui, comme il nous l’explique au milieu des 235 photos exposées, de « provoquer la rencontre la plus forte possible entre le visiteur et les oeuvres d’un artiste ». Voilà la façon dont celui qui a organisé 25 expositions depuis 1996 définit son rôle de commissaire. Et comment s’y prend-il ? « En racontant une histoire au visiteur. On rédige un scénario, que l’on remet au scénographe. » Dans la première salle, les premières photos du maître du portrait en noir et blanc que l’on voit sont… des natures mortes en couleur. « Dans toute histoire, on peut surprendre ! » Ensuite, les étapes de ce scénario sont les différents thèmes de la rétrospective, choisis avec soin. « Irving Penn a photographié les plus beaux mannequins et les plus grandes stars du XXe siècle. Mais il a aussi fait une série de nus de femmes très naturelles, une autre de gros plans de mégots qu’il ramassait dans les rues de New York, ou encore une sur les petits métiers. » Il fallait donc montrer toutes ces facettes. « Nous avons accroché les photos de ces différents thèmes de la même façon. Avec la même lumière, et des salles du même format. Afin de montrer que, pour Irving Penn, il n’y avait pas de hiérarchie sociale. » « Eviter l’ennui » Au pied de l’escalier monumental, on tombe soudain sur l’atelier d’Irving Penn reconstitué, avec un appareil et un long tissu. Un dispositif, « comme un rebondissement dans l’histoire, explique Jérôme Neutres. Le but, c’est d’éviter l’ennui. Vous savez, celui des sorties scolaires, avec la maîtresse qui parle d’un ton monocorde ». Oui, on voit très bien, et on comprend pourquoi en ce jour de semaine, dès l’ouverture, l’expo Irving Penn fait déjà le plein. Rétrospective Irving Penn. Grand Palais, à Paris, jusqu’au 29 janvier 2018.