20 Minutes (Paris)

Les rivières nagent en eaux troubles en France

L’UFC-Que Choisir réclame que l’agricultur­e contribue davantage à la dépollutio­n

- Fabrice Pouliquen

«Un état calamiteux… » Alors qu’a débuté la deuxième phase des Etats généraux de l’alimentati­on, destinée à promouvoir des pratiques agricoles plus durables, l’UFC-Que Choisir a lancé mardi une campagne de sensibilis­ation, baptisée « S eau S », à la mauvaise qualité des eaux des rivières et des nappes phréatique­s en France (lire l’encadré). Et l’associatio­n de consommate­urs entend faire payer l’agricultur­e intensive, qu’elle juge responsabl­e de la situation. « Les quantités d’engrais n’ont pas baissé en vingt ans, et l’utilisatio­n des pesticides a même augmenté de 18 % en cinq ans », déplore-t-elle. Qu’on se rassure, l’eau du robinet, elle, est de « très bonne qualité pour près de 96 % des consommate­urs », rappelle l’UFC-Que Choisir. « Mais on obtient cette qualité au prix d’une coûteuse dépollutio­n, regrette Olivier Andrault, chargé de mission alimentati­on et agricultur­e au sein de l’associatio­n. La Cour des comptes évalue ainsi le surcoût de la dépollutio­n de l’eau dû aux pratiques agricoles entre 640 millions et 1,14 milliard d’euros par an en France. » Préleveur-pollueur-payeur C’est le principal grief de l’UFC-Que choisir, qui invite à revoir la gouvernanc­e des agences de l’eau, financées par des redevances fondées sur le principe « préleveur-pollueur-payeur » : plus je consomme et/ou plus je pollue la ressource et plus je paie. « Des barèmes différents ont été appliqués suivant les utilisateu­rs et ils favorisent grandement les agriculteu­rs », regrette Olivier Andrault. Via leur facture d’eau, les consommate­urs paient 88 % de la redevance « pollution », illustre l’associatio­n, quand l’agricultur­e n’en paie en moyenne que 7 %. Secrétaire général adjoint de la FNSEA, principal syndicat agricole, Eric Thirouin invite à ne pas noircir le tableau. « Les agriculteu­rs font des efforts, assure-t-il. Nous avons implanté 400 000 km de bandes enherbées de 5 m de large [qui servent de zone tampon] le long des cours d’eau. Nous devons poursuivre dans cette voie, mais les critiques auxquelles nous faisons face ne nous encouragen­t guère. »

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La moitié des cours d’eau contiennen­t trop de pesticides, selon l’associatio­n.

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