Les rivières nagent en eaux troubles en France
L’UFC-Que Choisir réclame que l’agriculture contribue davantage à la dépollution
«Un état calamiteux… » Alors qu’a débuté la deuxième phase des Etats généraux de l’alimentation, destinée à promouvoir des pratiques agricoles plus durables, l’UFC-Que Choisir a lancé mardi une campagne de sensibilisation, baptisée « S eau S », à la mauvaise qualité des eaux des rivières et des nappes phréatiques en France (lire l’encadré). Et l’association de consommateurs entend faire payer l’agriculture intensive, qu’elle juge responsable de la situation. « Les quantités d’engrais n’ont pas baissé en vingt ans, et l’utilisation des pesticides a même augmenté de 18 % en cinq ans », déplore-t-elle. Qu’on se rassure, l’eau du robinet, elle, est de « très bonne qualité pour près de 96 % des consommateurs », rappelle l’UFC-Que Choisir. « Mais on obtient cette qualité au prix d’une coûteuse dépollution, regrette Olivier Andrault, chargé de mission alimentation et agriculture au sein de l’association. La Cour des comptes évalue ainsi le surcoût de la dépollution de l’eau dû aux pratiques agricoles entre 640 millions et 1,14 milliard d’euros par an en France. » Préleveur-pollueur-payeur C’est le principal grief de l’UFC-Que choisir, qui invite à revoir la gouvernance des agences de l’eau, financées par des redevances fondées sur le principe « préleveur-pollueur-payeur » : plus je consomme et/ou plus je pollue la ressource et plus je paie. « Des barèmes différents ont été appliqués suivant les utilisateurs et ils favorisent grandement les agriculteurs », regrette Olivier Andrault. Via leur facture d’eau, les consommateurs paient 88 % de la redevance « pollution », illustre l’association, quand l’agriculture n’en paie en moyenne que 7 %. Secrétaire général adjoint de la FNSEA, principal syndicat agricole, Eric Thirouin invite à ne pas noircir le tableau. « Les agriculteurs font des efforts, assure-t-il. Nous avons implanté 400 000 km de bandes enherbées de 5 m de large [qui servent de zone tampon] le long des cours d’eau. Nous devons poursuivre dans cette voie, mais les critiques auxquelles nous faisons face ne nous encouragent guère. »