20 Minutes (Paris)

Vers un âge minimum ?

Le consenteme­nt des mineurs fait débat depuis l’affaire de Pontoise

- Caroline Politi

Aquel âge est-on en mesure de dire non? La question a été posée fin septembre lorsque le parquet de Pontoise (Oise) a décidé de poursuivre pour atteinte sexuelle sur mineure, et non pour viol, un homme de 28 ans soupçonné d’avoir eu des relations sexuelles avec une collégienn­e de 11 ans. L’onde de choc de cette affaire, qui sera jugée en février, a été telle qu’elle a ouvert la porte à la création d’une présomptio­n de non-consenteme­nt en deçà d’un certain âge. En clair, la loi pourrait considérer que toute relation sexuelle entre un mineur de moins de 13, 14 ou 15 ans (selon les propositio­ns) et un majeur ne peut avoir été librement consentie, et relève automatiqu­ement de l’agression sexuelle ou du viol. Lundi, la secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les hommes et les femmes, Marlène Schiappa, a annoncé qu’un projet de loi sur les violences sexuelles et sexistes était en préparatio­n. Et que cette mesure figurait parmi les axes de réflexion. En France, les qualificat­ions d’agression sexuelle et de viol ne répondent à aucun critère d’âge. Pour qu’elles soient retenues, il faut que l’acte ait été commis « par violence, contrainte, menace ou surprise ». Il appartient donc aux magistrats d’évaluer au cas par cas chaque dossier pour qualifier les faits. « La contrainte morale peut résulter de la différence d’âge entre la victime et l’auteur des faits », précise néanmoins l’article 222-22-1 de la loi du 8 février 2010. Mais non seulement cette différence n’est pas précisémen­t définie et, surtout, elle n’a rien d’automatiqu­e. Preuve en est l’affaire de Pontoise. Les magistrats inquiets Cet âge doit-il être aligné sur la majorité sexuelle (15 ans)? L’ex-ministre de la Famille, la sénatrice PS Laurence Rossignol, y est favorable et s’apprête à déposer une propositio­n de loi allant en ce sens. « Je me suis beaucoup posé la question de l’âge », confie la députée Bérangère Poletti (LR), qui a déposé une propositio­n de loi fixant à 14 ans la présomptio­n de non-consenteme­nt. La sage-femme s’est en effet souvenue avoir « accouché des adolescent­es qui, à 14 ou 15 ans, avaient vraiment désiré leur enfant (...). La difficulté, c’est que la maturité à cet âge-là varie du tout au tout. » Et c’est justement parce que fixer un âge limite est artificiel que la question divise les magistrats. Beaucoup réclament qu’on les laisse faire cette « marge de manoeuvre ».

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L’âge du consenteme­nt sera-t-il celui de la majorité sexuelle, 15 ans ?

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