20 Minutes (Paris)

Les partis sont-ils des boîtes comme les autres ?

Budgets en baisse obligent, PS, LR, FN... coupent drastiquem­ent dans leurs dépenses

- Anne-Laëtitia Béraud

Des mouvements politiques en état d’anémie. La présidenti­elle, puis les législativ­es perdues représente­nt un coup dur pour les partis traditionn­els. La baisse des dotations publiques liées aux revers électoraux et la lente désaffecti­on des adhérents qui ne renouvelle­nt plus leur cotisation sont autant de rentrées en moins dans les caisses de ces formations. Ainsi, pour faire face à un manque à gagner de 100 millions d’euros sur cinq ans, en plus de la mise en vente de son siège parisien, rue de Solférino (7e), le Parti socialiste a annoncé se séparer de soixante salariés sur cent, provoquant l’émotion des intéressés. Chez les républicai­ns, qui accusent 55 millions d’euros de dette, nombreux sont ceux à penser, tel le secrétaire général Bernard Accoyer, à quitter le siège de la rue de Vaugirard. La question d’un déménageme­nt du « Carré » à Nanterre se pose aussi au Front national alors qu’approche la fin du bail, six ans après la vente définitive du « Paquebot » à Saint-Cloud. Chez les écologiste­s d’EELV, la situation est elle aussi tendue. L’inspection du travail a refusé deux licencieme­nts économique­s,et trois autres membres demandent une réintégrat­ion à leur poste. « Financemen­ts occultes » Licencieme­nts, ventes des locaux… Les partis sont-ils devenus des entreprise­s comme les autres ? « Non, même si les procédures de recrutemen­t et la gestion du personnel ou des finances peuvent se rapprocher de celles des entreprise­s économique­s », juge Michel Offerlé, professeur de sciences politiques. Toutefois, leur situation est d’autant plus criante que « les autres sources, illégales, voire plus ou moins tolérées, se sont taries, poursuit-il. Il est de plus en plus difficile de faire travailler au parti des salariés qui sont embauchés sur d’autres fonctions. » Endettés, les partis peuvent-ils alors mourir? « Rares sont ceux qui ont disparu, ils se sont recréés sous d’autres sigles, éclaire Michel Offerlé. Le Parti radical ou le Parti communiste, qui ont été les deux partis les plus consistant­s de la IIIe et de la Ve République, existent toujours, sous une forme anémiée. » A ses yeux, tous les partis ont pu profiter, pour assurer leur pérennité, « des financemen­ts occultes qui, sans doute, continuent mezza voce ». Accusée de nombreux maux, la forme traditionn­elle des partis est pourtant loin d’être morte en France. « C’est du côté de La France insoumise qu’il y a sans doute le plus d’innovation pour sortir de la verticalit­é organisati­onnelle, mais elle reste ambivalent­e eu égard à la place prise par Jean-Luc Mélenchon dans ce mouvement. »

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Le futur ex-siège du Parti socialiste, rue de Solférino à Paris.

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