L’Europe veut bien en finir avec l’herbicide glyphosate, mais pas tout de suite
HERBICIDE La Commission européenne a avancé dans ce dossier
Renouveler la licence de l’herbicide pour une autre décennie était « irresponsable », selon l’eurodéputée des Verts, Michèle Rivasi. La Commission européenne a ainsi révisé mardi sa proposition sur le renouvellement du glyphosate, désormais ouverte à une période d’autorisation réduite de cinq à sept ans. Cette décision a été prise par l’ensemble des commissaires européens. Les eurodéputés Eric Andrieu (France) et Marc Tarabella (Belgique) se sont félicités d’avoir envoyé « un signal fort aux gouvernements nationaux », tandis que pour leur collègue libérale Frédérique Ries, « la balle est clairement dans le camp » des Etats-membres. Un vote est attendu ce mercredi au sein du comité d’experts chargé du dossier, composés de représentants des Etats membres. Lundi, la Commission avait reçu les représentants d’une pétition citoyenne demandant l’interdiction du glyphosate, qui a récolté plus de 1,3 million de signatures, un des plus gros succès pour ce type d’initiative dans l’UE. Principe de précaution Cette décision de la Commission de revoir sa copie est intervenue peu de temps après un vote au Parlement européen, qui exige l’élimination progressive du glyphosate dans l’UE d’ici à cinq ans, plébiscité par 355 voix, au nom du « principe de précaution ». La Commission est sous pression à la fois de la société civile et du Parlement européen. Ce revirement tient donc compte de « l’évaluation des risques » réalisée par le Parlement et la décision a été prise « à la lumière de tous les éléments disponibles en Europe et à l’international », a souligné le porteparole de la Commission, Margaritis Schinas. La controverse scientifique autour du glyphosate est au coeur de ces résolutions. Le texte du Parlement fait référence à l’étude du Centre international de recherche sur le cancer, un organe de l’OMS, qui l’a classé « cancérogène probable » en 2015. Les parlementaires ont aussi évoqué les développements judiciaires aux Etats-Unis, où des milliers de personnes atteintes de cancer ont porté plainte contre le géant Monsanto, un des principaux producteurs de glyphosate et propriétaire de l’herbicide RoundUp. Plusieurs pays membres, la France, l’Italie, l’Autriche, avaient de leur côté publiquement annoncé qu’ils s’opposeraient à un renouvellement pour dix ans. Paris avait aussi exprimé sa préférence pour une durée réduite. Dans leur résolution, les eurodéputés souhaitent également interdire toute utilisation non professionnelle de la substance après 2017. Ils exhortent à apporter l’aide nécessaire aux cultivateurs pour assurer la transition vers une agriculture sans glyphosate, herbicide le plus utilisé en Europe. Il faut une majorité qualifiée – 55 % des Etats membres et 65 % de la population – pour accepter ou rejeter la nouvelle proposition.