20 Minutes (Paris)

Dupontel tourne avec magie « Au revoir là-haut »

Albert Dupontel adapte le roman de Pierre Lemaitre avec fantaisie

- Caroline Vié

Albert Dupontel a peut-être réalisé l’un des plus beaux films de l’année. Au revoir làhaut, adaptation du prix Goncourt 2013 de Pierre Lemaitre, retrouve la puissance du roman sans lui être fidèle à la lettre. « J’ai pioché dans cet énorme coffre à jouets qu’était le livre, raconte Albert Dupontel à 20 Minutes. J’étais conforté dans mon choix par le fait que l’auteur me soutenait : l’appropriat­ion était consentie. » Le réalisateu­r a choisi de centrer son récit sur Edouard Péricourt (excellent Nahuel Perez Biscayart, vu récemment dans 120 battements par minute), gueule cassée de la Première Guerre mondiale et artiste génial qu’un brave type (joué par Dupontel lui-même) a recueilli. Laurent Lafitte, sublimemen­t terrifiant, Niels Arestrup, Mélanie Thierry, Emilie Dequenne et la jeune Héloïse Balster complètent une distributi­on brillante pour raconter cette histoire délirante sur fond d’arnaques aux sépultures des poilus et aux monuments aux morts. Nimbé de poésie Bien que l’action se déroule il y a cent ans, le spectateur reste en terrain connu. L’humanité ou la méchanceté des protagonis­tes sont dépeintes avec brio. « J’ai trouvé le livre d’actualité car il réunit des archétypes sociaux qui ont encore cours aujourd’hui : les affairiste­s, les prédateurs ou les hommes lucides, ça existe toujours », précise le réalisateu­r de 9 mois ferme. Une poésie constante nimbe cette histoire où les personnage­s sont souvent dépassés par les événements. Son héros a été défiguré par un éclat d’obus, mais le film n’a rien de gore. Des masques d’une incroyable beauté, créés par Cécile Kretschmar, couvrent son visage. Le jeune public ne sera pas traumatisé par l’apparence du jeune homme, dont on imagine la terrible blessure, plus qu’on ne la voit. « Je ne voulais pas qu’on ait pitié de lui. C’est un garçon brillant dont la guerre a ruiné l’existence, mais les masques qu’il porte témoignent de son génie d’artiste au fait de toutes les tendances de l’époque », insiste le cinéaste. L’humour tendre comme le sens de la fantaisie chers à Albert Dupontel trouvent tout naturellem­ent leur place dans un récit au suspense haletant. « J’ai souhaité que mon film soit plus optimiste que le roman », déclare le cinéaste. Au revoir là-haut a tout d’un grand divertisse­ment passionnan­t et virtuose. On en ressort le sourire aux lèvres et le coeur palpitant.

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Albert Maillard (à gauche) recueille Edouard, artiste et gueule cassée.

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