Les nouveaux talents voient le jour
Cinq artistes amateurs participent, ce jeudi à l’Olympia, aux 20 ans des Musiciens du métro
Ils sont peut-être les futurs Keziah Jones, Ben Harper, Benjamin Clementine ou Zaz. Découverts dans le métro, Lidiop, Pihpoh, Billet d’humeur, Faustine et mAx Pen vont se produire sur la scène de l’Olympia (9e), ce jeudi soir, à l’occasion des 20 ans de l’Espace Métro Accords (EMA), la structure qui autorise les artistes à jouer dans le sous-sol parisien. Sélectionnés par un jury réunissant Oxmo Puccino, André Manoukian ou des représentants de la RATP, les cinq heureux lauréats pousseront la chansonnette aux côtés, entre autres, de -M- et Tété. Une « histoire de partage » Un « honneur » pour Lidiop, qui embrase le métro depuis trois ans avec sa musique qui oscille entre reggae et soul pop afro. A son arrivée en France, en 2012, le Sénégalais jouait à la sauvette à la station Montrouge, poussé par le « besoin » de « redonner le sourire à tous ces passagers qui ne parlaient pas et qui avaient le visage figé ». Aux yeux du jeune homme, obtenir l’accréditation n’a pas constitué un tremplin, mais plutôt « une chance de pouvoir y jouer [s]a musique quotidiennement. Dans le métro, les gens ne viennent pas te voir, toi. Ils filent. C’est un public très difficile, mais unique : quand un seul s’arrête et danse, cela vaut bien plus que gagner tous les disques de platine. » Chaque année, 300 musiciens en herbe sont accrédités par la RATP (sur près de 3 000 candidatures). Des artistes aux styles éclectiques, qui ont souvent débuté sur YouTube, pour parfois connaître une ascension fulgurante, comme Keziah Jones. Le concert à l’Olympia retrace « cette belle histoire de partage », précise Michel Garret, responsable des partenariats à la RATP et membre du jury. « Les gens se mélangent, il n’y a plus de couleurs, plus de races, plus de différences », ajoute Lidiop. Et de se souvenir du jour où il a capté l’attention d’un SDF, qui arpentait le métro depuis vingt ans. « C’était la première fois qu’il s’arrêtait pour écouter un musicien du métro, il a même voulu me donner de l’argent », se souvient-il, ému. Si, pour la régie, l’opération est avant tout un moyen « d’agrémenter les temps de transport des usagers et de réguler la qualité des musiques », souligne Michel Garret – et, ainsi, officieusement, de garder un oeil sur les joueurs à la sauvette – pour les musiciens, elle est l’occasion d’acquérir une certaine notoriété. Après le concert de ce soir, qui affiche déjà complet et dont les bénéfices seront reversés à Emmaüs Solidarité, Lidiop compte bien, lui, retourner sur son terrain de jeu préféré : les souterrains parisiens.