20 Minutes (Paris)

César S., une victime à bout

- Caroline Politi

« J’ai tout fait pour me convaincre de venir, mais c’est au-dessus de mes forces. » Jusqu’au dernier moment, César S. a cru qu’il parviendra­it à raconter devant la cour d’assises de Paris cette matinée du 18 novembre 2013, lorsque sa vie a basculé. Ce jour-là, le jeune assistant photograph­e de 23 ans participai­t à une séance photo pour Next, un supplément distribué avec le quotidien Libération. Il déchargeai­t du matériel lorsqu’un homme l’a atteint d’une balle de fusil à pompe dans le dos. Mercredi, se retrouver dans la même pièce qu’Abdelhakim Dekhar, son agresseur présumé surnommé le « tireur de Paris », et rendre compte des hauts et des bas qu’il a vécus ces quatre dernières années lui ont semblé une épreuve insurmonta­ble. C’est ce qu’il a expliqué dans une lettre lue par son avocat, Me Charles-Emmanuel Soussen. Dans le box des accusés, Abdelhakim Dekhar écoute, les bras croisés, la tête entre les jambes. Depuis l’ouverture du procès, vendredi, celui qui est poursuivi pour tentative d’assassinat martèle qu’il n’avait pas l’intention de blesser qui que ce soit. Il aurait été décontenan­cé par un mouvement de la victime, malgré son injonction de rester immobile. Pourtant, aucun des témoins – deux standardis­tes et le responsabl­e de la maintenanc­e – n’a entendu la moindre injonction. « J’étais au mauvais moment au mauvais endroit », a résumé César S. pendant l’enquête. Détail glaçant : sa blessure n’a pas été reconnue en tant qu’accident du travail, à cause de son statut d’intermitte­nt.

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Un policier dans la rue où se situait en 2013 le siège de Libération.

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