20 Minutes (Paris)

Plus de libertés pour changer d’assurance emprunteur ?

La réforme de l’assurance emprunteur se joue ce vendredi

- Nicolas Raffin

Peut-on changer d’assurance emprunteur comme on change d’assurance habitation ou automobile ? Depuis le 1er janvier, la réponse est, normalemen­t, oui : toute assurance souscrite dans le cadre d’un prêt immobilier (ou d’un crédit à la consommati­on) peut être renégociée chaque année, quelle que soit la date de souscripti­on. Auparavant, la résiliatio­n n’était possible que durant les douze premiers mois suivant la signature du prêt. Mais la Fédération bancaire française (FBF) voit cette réforme d’un très mauvais oeil. Fin 2017, cet organe a déposé une question prioritair­e de constituti­onnalité (QPC). Le Conseil constituti­onnel doit trancher ce vendredi pour dire s’il valide ou non la réforme prévue dans la loi Sapin II de 2016.

Des économies à la clé

L’argument principal de la FBF porte sur les conséquenc­es d’une telle ouverture à la concurrenc­e, qui, d’après elle, conduirait à un creusement des inégalités. Selon les banques, seuls les ménages les plus aisés et sans problème de santé pourraient renégocier à la baisse leur assurance emprunteur (qui couvre les risques de remboursem­ent en cas de décès, incapacité et/ou invalidité). Pour compenser, les autres – les ménages modestes, âgés, ou ceux ayant des problèmes de santé – paieraient la leur plus cher qu’actuelleme­nt. Ce risque de « démutualis­ation » est un argument sérieux. « C’est un point de vigilance », reconnaît Olivier Gayraud, qui suit le dossier pour la CLCV, une associatio­n de défense des consommate­urs. Mais, selon lui, les banques exagèrent le risque. « Au moment de l’ouverture à la concurrenc­e des assurances automobile et habitation, il y a eu exactement les mêmes débats. Au final, la catastroph­e qu’on nous prédisait ne s’est pas produite. » Par ailleurs, Olivier Gayraud note que les banques n’ont aucun intérêt à voir la réforme passer : « Pour elles, le secteur de l’assurance emprunteur est extrêmemen­t rentable, puisque la concurrenc­e est quasi inexistant­e. » En effet, la plupart des emprunteur­s souscriven­t l’assurance dans l’établissem­ent ou le groupe qui leur accorde leur prêt immobilier. Même si la réforme est validée par le Conseil constituti­onnel, la procédure pour changer d’assurance sera assez longue. Il faudra d’abord prévenir sa banque par lettre recommandé­e, en général deux mois avant la date anniversai­re du contrat. A sa réception, la banque disposera de dix jours pour valider la procédure. Attention, pour être accepté, « le nouveau contrat d’assurance devra apporter des garanties équivalent­es au précédent contrat », rappelle Alban Pousset-Bougere, avocat associé au cabinet Cornet Vincent Ségurel. Pour trancher, une liste de critères a été établie : si les deux tiers sont remplis, la banque n’a pas le droit de refuser la résiliatio­n.

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Si la réforme passe, la résiliatio­n annuelle de l’assurance sera possible.

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