« Pas à la bonne place »
Dans l’approche de la course, les différences sont saisissantes. « Je me fais presque plus plaisir à l’entraînement qu’en compétition, expliquait Marie Dorin en octobre. La compèt, c’est vraiment particulier, tout le monde est mis au même niveau et il faut être le meilleur. C’est se montrer à soi que l’on peut être meilleur. En ça, c’est stressant. » Martin Fourcade, lui, vit de la compétition. Cette année, la rivalité avec Johannes Boe le transcende. « C’est vraiment super, on se tire mutuellement vers le haut, affirmait le Français après l’étape de Ruhpolding (Allemagne). Ça nous permet de repousser nos limites. » Hors neige, Marie Dorin confesse ne pas porter dans son coeur les à-côtés et contraintes liés au sport de haut niveau. « Que ce soit la reconnaissance d’autrui, l’argent, la médiatisation, ce sont des choses annexes qui viennent ajouter de la pression et qui ne sont pas les raisons pour lesquelles je fais du sport », assure-t-elle. Son homologue masculin se livre sans mesure à ses devoirs loin du pas de tir : une biographie à 29 ans, une grosse présence médiatique à toute épreuve, un compte Twitter actif, des spots publicitaires à tourner… Dans sa biographie, justement, le double champion olympique confie avoir dit à celle qui allait devenir sa femme, quand il avait 14 ans : « Tu me verras plus souvent à la télé qu’en vrai. » Pour Dorin, priorité à la famille : « On fait du sport avant tout pour bien le vivre et, l’an passé, je ne l’ai pas bien vécu. J’avais l’impression de ne pas être à la bonne place. » Elle n’aura bientôt plus à choisir. Dans deux mois, elle rangera la carabine.