20 Minutes (Paris)

Les promoteurs du projet français se désolent

Les promoteurs ne comprennen­t pas l’abandon de la candidatur­e française

- Olivier Philippe-Viela

«Pfff… Beaucoup de déception et pas mal d’incompréhe­nsion. Je ne sais pas ce qu’on nous reproche », souffle Christian de Boissieu. L’économiste était vice-président du comité de candidatur­e de la France à l’organisati­on de l’Exposition universell­e en 2025. Dimanche, il a appris l’abandon du dossier, décidé par Edouard Philippe, comme le rapporte Le JDD. Les reproches du chef du gouverneme­nt : des « faiblesses structurel­les » dans le modèle économique, avec une hypothèse de fréquentat­ion (35 à 40 millions de visiteurs) jugée trop optimiste, et un manque de partenaire­s privés prêts à « s’exposer significat­ivement [au] risque commercial de l’exposition ». Le président du comité de candidatur­e, Jean-Christophe Fromantin, doit donner sa version des faits ce lundi. Il ne devrait pas souscrire à l’argument d’une fréquentat­ion potentiell­ement trop faible. Matignon a pris l’exemple de l’Exposition universell­e de Milan, en 2015, qui avait attiré 20 millions de spectateur­s. Or, « la France est la première destinatio­n touristiqu­e du monde, notre prévision n’avait rien d’excessif », soutient Christian de Boissieu.

Le « désintérêt » de Philippe

Le député PS Luc Carvounas, vice-président du comité, ne décolère pas : « On a construit cette candidatur­e en partant des territoire­s, le congrès des maires nous a accueillis tous les ans pour travailler dessus, et nos compatriot­es nous montraient une appétence encore plus grande que pour les JO! Mais, quand il était maire du Havre, Edouard Philippe ne s’y est jamais intéressé, alors qu’Emmanuel Macron en était un ardent défenseur. » Le chef de l’Etat disait encore en septembre que l’événement était l’occasion pour la France « d’apporter sa contributi­on à une nouvelle ambition française ». La mise en cause du modèle économique agace Christian de Boissieu : « C’était l’un des points forts, puisque nous ne faisions pas appel à de l’argent public. Les retombées sur le plan économique et culturel d’une exposition qui dure six mois sont plus importante­s que celles des JO. Il nous fallait avoir les deux, pas jouer l’un contre l’autre. » La Coupe du monde de rugby en 2023 et les JO en 2024 ont-ils eu raison de l’appétit des pouvoirs publics ? « La vraie raison, c’est que l’Etat est incapable d’assurer la livraison de la section de la ligne 18 du Grand Paris Express », souligne Luc Carvounas. Celle-ci est censée être mise en service avant 2024, pour desservir Paris-Saclay, site censé accueillir l’Expo. Un rapport de la Cour des comptes pointe la fragilité financière du projet, avec un « dérapage » de 13 milliards d’euros.

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En 2015, la France annonçait vouloir être candidate à l’Expo universell­e.

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