Les promoteurs du projet français se désolent
Les promoteurs ne comprennent pas l’abandon de la candidature française
«Pfff… Beaucoup de déception et pas mal d’incompréhension. Je ne sais pas ce qu’on nous reproche », souffle Christian de Boissieu. L’économiste était vice-président du comité de candidature de la France à l’organisation de l’Exposition universelle en 2025. Dimanche, il a appris l’abandon du dossier, décidé par Edouard Philippe, comme le rapporte Le JDD. Les reproches du chef du gouvernement : des « faiblesses structurelles » dans le modèle économique, avec une hypothèse de fréquentation (35 à 40 millions de visiteurs) jugée trop optimiste, et un manque de partenaires privés prêts à « s’exposer significativement [au] risque commercial de l’exposition ». Le président du comité de candidature, Jean-Christophe Fromantin, doit donner sa version des faits ce lundi. Il ne devrait pas souscrire à l’argument d’une fréquentation potentiellement trop faible. Matignon a pris l’exemple de l’Exposition universelle de Milan, en 2015, qui avait attiré 20 millions de spectateurs. Or, « la France est la première destination touristique du monde, notre prévision n’avait rien d’excessif », soutient Christian de Boissieu.
Le « désintérêt » de Philippe
Le député PS Luc Carvounas, vice-président du comité, ne décolère pas : « On a construit cette candidature en partant des territoires, le congrès des maires nous a accueillis tous les ans pour travailler dessus, et nos compatriotes nous montraient une appétence encore plus grande que pour les JO! Mais, quand il était maire du Havre, Edouard Philippe ne s’y est jamais intéressé, alors qu’Emmanuel Macron en était un ardent défenseur. » Le chef de l’Etat disait encore en septembre que l’événement était l’occasion pour la France « d’apporter sa contribution à une nouvelle ambition française ». La mise en cause du modèle économique agace Christian de Boissieu : « C’était l’un des points forts, puisque nous ne faisions pas appel à de l’argent public. Les retombées sur le plan économique et culturel d’une exposition qui dure six mois sont plus importantes que celles des JO. Il nous fallait avoir les deux, pas jouer l’un contre l’autre. » La Coupe du monde de rugby en 2023 et les JO en 2024 ont-ils eu raison de l’appétit des pouvoirs publics ? « La vraie raison, c’est que l’Etat est incapable d’assurer la livraison de la section de la ligne 18 du Grand Paris Express », souligne Luc Carvounas. Celle-ci est censée être mise en service avant 2024, pour desservir Paris-Saclay, site censé accueillir l’Expo. Un rapport de la Cour des comptes pointe la fragilité financière du projet, avec un « dérapage » de 13 milliards d’euros.