Le plastique, c’est stratégique
La Chine a décidé de restreindre l’importation de certains déchets. Pour la France se présente une formidable occasion de développer le retraitement du plastique. Un secteur en devenir.
Pékin n’est pas revenue sur sa décision. Le 18 juillet, la Chine avait prévenu qu’elle restreindrait radicalement l’importation des déchets sur son territoire – de l’ordre, pour ceux en plastique, de 7,3 millions de tonnes en 2016, dont 50 % provenant d’Europe, selon le BIR, l’association mondiale de l’industrie du recyclage. Le 11 janvier, les autorités chinoises ont publié les versions définitives des standards d’acceptation des détritus qu’elles accepteraient désormais. En l’occurrence « les déchets des industries de production d’objets en plastique [dits postproduction] », indique Evguenia Dereviankine, du cabinet UGGC Avocats. Les déchets postconsommation, composés d’objets plastique abandonnés après un premier usage, devraient, eux, ne plus être les bienvenus. Le marché mondial du plastique recyclé va donc devoir se réinventer, et trouver de nouveaux débouchés pour ses rebuts. Le défi s’annonce d’autant plus difficile pour la France que « la quantité de déchets plastique collectés chaque année sur le territoire augmente entre 2 et 3 % [3,417 millions de tonnes en 2016, contre 3,128 millions de tonnes en 2006] », indique Christophe Viant, président de la branche plastiques à la Fédération française des entreprises du recyclage (Federec).
Augmenter le recyclage
Evguenia Dereviankine ainsi que Roland Marion, chef adjoint du service produit et efficacité matière à l’Ademe, espèrent que la décision chinoise pousse la France à « mettre en marche sa filière recyclage, encore toute nouvelle ». « Notre industrie n’utilise que 350 000 tonnes de déchets plastique recyclés sur 3,5 millions de tonnes de plastique généré chaque année, précise Roland Marion. En parallèle, la France consomme au total, tous les ans, 4,5 millions de tonnes de plastiques. » En grande majorité du plastique issu de matière première vierge dont le prix, corrélé au cours du pétrole, met en difficulté la compétitivité économique de la matière recyclée. L’imposition d’un taux de matière plastique recyclée dans les produits plastique ou en incorporant (les voitures typiquement) est une piste à creuser. « Les pouvoirs publics ont le pouvoir de créer une demande, estime Christophe Viant. Dans les réponses à leurs appels d’offres, pour des achats de mobiliers urbains, par exemple. » Quant à l’annonce de la Commission européenne d’envisager une « taxe sur les plastiques » pour compenser le coût du Brexit, elle aurait déjà été abandonnée, selon Evguenia Dereviankine.