Les improbables secondes vies des cabines téléphoniques dans l’espace public
L’ancêtre du téléphone mobile s’offre une deuxième vie publique
« C’est un aquarium qui a été inséré dans une cabine. » Anthony Rival, de Biome Création
Un cube gris déjà vintage. Après 150 ans d’existence, les cabines téléphoniques sont en passe de raccrocher définitivement. Si elles ne sonnent plus, certaines sont encore sur pied. Et aujourd’hui, des nostalgiques ne manquent pas d’idées pour leur donner une autre utilité. Dans le Vaucluse, les passants n’y entrent plus pour téléphoner mais pour y consulter des livres. « Ça nous a coûté moins d’une centaine d’euros, se souvient la maire de la commune de Suzette, Patricia Olivero. On garde ainsi un service public. Et puis la lecture, c’est important. » Aujourd’hui, 80 ouvrages sont à disposition, de la BD à la biographie de Brigitte Bardot. Du côté de Nantes, des artistes ont fait entrer de l’eau salée entre les quatre parois vitrées de la cabine, devenue aquarium. « On n’a pas mis directement les poissons, s’amuse Anthony Rival, de Biome Création, créateur d’écosystèmes aquatiques à SaintEtienne-de-Montluc. C’est un aquarium qui a été inséré dans une cabine. » Près de 1700 litres d’eau ont été nécessaires pour remplir la structure. Et 69 poissons y ont élu domicile. Mais il y a des citoyens que la fin des cabines téléphoniques inspire beaucoup moins. A Perpignan, Anne-Laure Mager et son association Perdons pas le fil militent pour la survie des moyens de communication filaire. « Pour les personnes intolérantes aux ondes, assure-t-elle. Les personnes âgées et celles qui n’ont pas les moyens d’acheter un portable, le filaire est important. Il est toujours possible de rebrancher ces cabines. Tant qu’il y a un fil ou un réseau... » Dans les anciennes cabines téléphoniques, cette militante ne voit rien d’autre qu’un... téléphone.