Effets locaux, non globaux
Les chercheurs avancent plusieurs explications à cette sous-médiatisation de la problématique biodiversité. Tout d’abord, la relative jeunesse de l’Ipbes, née il y a six ans alors que le Giec, lui, a été créé en 1988. Mais aussi les grands rendez-vous institutionnalisés, comme les Conférences sur le climat des Nations unies (COP), ou les catastrophes naturelles et événements météorologiques extrêmes (l’ouragan Irma, par exemple, qui a dévasté les Antilles en septembre), pèsent lourd. Toutefois, tout ne se résume pas à la com. Jean-François Silvain, président de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), rappelle, tout comme le fait l’étude, que les effets du changement climatique sont globaux et ressentis directement par le public. A l’inverse, les mécanismes impliqués dans la biodiversité sont locaux et ne deviennent un problème global que lorsqu’on les additionne. « La destruction de forêts en Asie pour en faire des plantations de palmiers à huile n’a pas d’incidence sur le quotidien des Européens qui importent cette huile de palme. » Néanmoins, insiste-t-il, « les deux enjeux sont liés », d’où l’importance de mettre davantage en lumière la biodiversité. L’étude dirigée par Pierre Legagneux préconise d’ailleurs de créer plus d’événements médiatiques autour des découvertes sur le sujet, ou encore de favoriser le dialogue et la réflexion entre experts et non-experts, plutôt qu’une communication unilatérale et descendante.