CHRISTINE ANGOT « A la télévision, vous ne pouvez pas mentir »
La chroniqueuse et polémiste Christine Angot est avant tout une femme de lettres
On a tendance à l’oublier, mais derrière la chroniqueuse de Laurent Ruquier, il y a surtout une femme de lettres. Le monde des livres ne voit pas Christine Angot comme la polémiste brute de décoffrage d’« On n’est pas couché », sur France 2, mais comme l’auteure à succès qui s’est fait connaître du public avec son roman Inceste en 1999. 20 Minutes a rencontré l’artiste, dont la pièce
Dîner en ville est jouée actuellement au théâtre de la Colline à Paris (20e), et a aussi parlé à la chroniqueuse. Christine Angot cherche parfois ses mots, mais son écriture est toujours précise. Dans Dîner en ville, une célèbre actrice (interprétée par Emmanuelle Bercot), son compagnon et un ingénieur du son au chômage refont le monde chez un grand nom de la mode à moitié dépressif en compagnie d’une directrice de théâtre pétrie d’angoisse et d’une femme médecin au bord du burnout. Les cinq personnages parlent de tout, mais surtout de rien, ponctuent leur discours de clichés et de postures sociales. « Dans la vie, on a tous l’air ridicule, dans notre façon de parler, dans notre accent, explique Christine Angot. Mais il y a un endroit où on n’est pas ridicule : notre être. Exposer son être en permanence, ce serait très fatigant, et impossible. » Devant cette comédie sociale, une question surgit : quelle est la différence entre cette parade un peu grotesque et ce qu’elle joue sur le plateau de Laurent Ruquier ? « Les talk-shows sont tous construits sur le modèle du dîner, explique Christine Angot. Avec la lumière de la télévision, vous ne pouvez pas mentir. Les spectateurs voient les visages, ils ne sont pas dupes. Ils décryptent tout. » Nous n’avons pas rencontré la Christine Angot qualifiée de « violente » par l’avocat Eric Dupond-Moretti, mais une auteure émue lorsqu’on fait une légère allusion à son échange tendu avec Virginie Calmels, vice-présidente des Républicains. Elle esquive les questions sur le sujet et craint de ne pas être comprise. Sur la fonction de l’artiste, elle est plus volubile qu’au sujet de sa participation à la prochaine saison d’« On n’est pas couché » : « Le rôle de l’artiste dans la société, c’est de ne pas considérer qu’il joue un rôle en tant qu’artiste. Vous essayez de comprendre ce que vous entendez et, éventuellement, de le faire entendre. » Va-t-elle réussir à porter sa voix en se libérant de l’image qui lui colle à la peau? La question reste ouverte.
« Avec la lumière de la télévision, vous ne pouvez pas mentir. » Christine Angot