20 Minutes (Paris)

Le père d’Estelle Mouzin veut relancer l’enquête

Son père veut le dessaisiss­ement de la PJ de Versailles

- Caroline Politi

Un regard neuf pourra-t-il faire avancer un dossier vieux de quinze ans ? C’est en tout cas le pari fait par le père d’Estelle Mouzin, disparue à Guermantes (Seine-etMarne), en janvier 2003. Depuis juin, il se bat au côté de ses avocats pour que la PJ de Versailles, le service d’enquête historique, soit dessaisie. « Les enquêteurs ont baissé les bras dans ce dossier, estime l’un de ses conseils, Didier Seban. Toutes nos demandes d’investigat­ions restent lettre morte, il n’y a pas de P.-V. de synthèse et, lorsque l’on suggère que l’affaire soit passée dans Anacrim [le logiciel à l’origine des avancées sur le dossier Grégory], on nous répond que ça prendra dix ans. » Rejetée en première instance, la requête doit être examinée ce jeudi par la chambre de l’instructio­n de la cour d’appel de Paris.

Un autre regard sur l’affaire

Les différence­s de lecture du dossier ont fini de creuser le fossé entre Eric Mouzin et la PJ de Versailles. Aux yeux du père de la fillette, la piste Fourniret – condamné en 2008 à la réclusion criminelle à perpétuité pour sept meurtres précédés de viols ou tentatives – n’a pas été suffisamme­nt exploitée. D’où cette volonté de confier les investigat­ions aux gendarmes de la section de recherche de Dijon, qui ont enquêté sur les meurtres de Joanna Parrish et de Marie-Angèle Domèce, qu’a récemment avoués le tueur en série. « Ils connaissen­t bien le profil de Michel Fourniret (…). Leur regard peut être déterminan­t », espère Didier Seban. L’ombre de « l’ogre des Ardennes » a toujours plané dans l’enquête sur la disparitio­n d’Estelle Mouzin. Son épouse et complice, Monique Olivier, a longtemps vécu à Guermantes. En 2015, cette dernière a d’ailleurs été entendue pour avoir suggéré à ses codétenues qu’elle avait fourni un alibi à son mari. L’audition n’a rien donné. Des investigat­ions ont été menées pour tenter de vérifier l’alibi du tueur en série : le soir de l’enlèvement, il a passé un coup de téléphone à son fils aîné, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Etait-ce un alibi fabriqué de toutes pièces? Pas impossible, mais jamais prouvé. « Dire qu’on a négligé la piste Fourniret est entièremen­t faux, elle a longtemps été prioritair­e, on s’est attaché à tirer chaque fil, mais les éléments ne sont pas concluants », assure une source policière. Quid, alors, de ce que les conseils d’Eric Mouzin considèren­t comme des « aveux en creux »? Lors d’une audition début mars, Michel Fourniret n’aurait pas nié être impliqué dans l’enlèvement de la fillette. Des propos à prendre, selon la procureure de Meaux, avec la « plus grande prudence », tant le tueur est connu pour ses manipulati­ons. « Nous aussi, on aurait préféré que ce soit lui, confie cette même source policière. On travaille toujours dessus, même si on considère qu’il y a peu de chances que ce soit lui. »

 ??  ??
 ??  ?? Estelle Mouzin en 2003 et son portrait présenté vieilli en 2010 (à dr.).
Estelle Mouzin en 2003 et son portrait présenté vieilli en 2010 (à dr.).

Newspapers in French

Newspapers from France