Le père d’Estelle Mouzin veut relancer l’enquête
Son père veut le dessaisissement de la PJ de Versailles
Un regard neuf pourra-t-il faire avancer un dossier vieux de quinze ans ? C’est en tout cas le pari fait par le père d’Estelle Mouzin, disparue à Guermantes (Seine-etMarne), en janvier 2003. Depuis juin, il se bat au côté de ses avocats pour que la PJ de Versailles, le service d’enquête historique, soit dessaisie. « Les enquêteurs ont baissé les bras dans ce dossier, estime l’un de ses conseils, Didier Seban. Toutes nos demandes d’investigations restent lettre morte, il n’y a pas de P.-V. de synthèse et, lorsque l’on suggère que l’affaire soit passée dans Anacrim [le logiciel à l’origine des avancées sur le dossier Grégory], on nous répond que ça prendra dix ans. » Rejetée en première instance, la requête doit être examinée ce jeudi par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris.
Un autre regard sur l’affaire
Les différences de lecture du dossier ont fini de creuser le fossé entre Eric Mouzin et la PJ de Versailles. Aux yeux du père de la fillette, la piste Fourniret – condamné en 2008 à la réclusion criminelle à perpétuité pour sept meurtres précédés de viols ou tentatives – n’a pas été suffisamment exploitée. D’où cette volonté de confier les investigations aux gendarmes de la section de recherche de Dijon, qui ont enquêté sur les meurtres de Joanna Parrish et de Marie-Angèle Domèce, qu’a récemment avoués le tueur en série. « Ils connaissent bien le profil de Michel Fourniret (…). Leur regard peut être déterminant », espère Didier Seban. L’ombre de « l’ogre des Ardennes » a toujours plané dans l’enquête sur la disparition d’Estelle Mouzin. Son épouse et complice, Monique Olivier, a longtemps vécu à Guermantes. En 2015, cette dernière a d’ailleurs été entendue pour avoir suggéré à ses codétenues qu’elle avait fourni un alibi à son mari. L’audition n’a rien donné. Des investigations ont été menées pour tenter de vérifier l’alibi du tueur en série : le soir de l’enlèvement, il a passé un coup de téléphone à son fils aîné, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Etait-ce un alibi fabriqué de toutes pièces? Pas impossible, mais jamais prouvé. « Dire qu’on a négligé la piste Fourniret est entièrement faux, elle a longtemps été prioritaire, on s’est attaché à tirer chaque fil, mais les éléments ne sont pas concluants », assure une source policière. Quid, alors, de ce que les conseils d’Eric Mouzin considèrent comme des « aveux en creux »? Lors d’une audition début mars, Michel Fourniret n’aurait pas nié être impliqué dans l’enlèvement de la fillette. Des propos à prendre, selon la procureure de Meaux, avec la « plus grande prudence », tant le tueur est connu pour ses manipulations. « Nous aussi, on aurait préféré que ce soit lui, confie cette même source policière. On travaille toujours dessus, même si on considère qu’il y a peu de chances que ce soit lui. »