20 Minutes (Paris)

Les fantômes se dévoilent au quai Branly

« Enfers et fantômes d’Asie », au musée du quai Branly, dévoile les êtres fantastiqu­es orientaux

- Benjamin Chapon

Comment dit-on « bouh » en japonais ? Et en thaï ? Peu importe, l’exposition « Enfers et fantômes d’Asie », au musée du quai Branly-Jacques Chirac à Paris (lire l’encadré), ne se contente pas d’effrayer ses visiteurs, mais renseigne sur l’origine et la postérité de nombreuses histoires de fantôme. Des estampes d’Hokusai aux figurines tirées des mangas de Shigeru Mizuki en passant par des extraits de films d’horreur thaïs, l’exposition présente une foule de supports. Moderne et inattendue, la scénograph­ie permet de plonger corps et âme dans l’atmosphère si particuliè­re des êtres fantastiqu­es d’Asie. On passe ainsi d’une pièce de musée « classique », comme des peintures représenta­nt les enfers selon le bouddhisme, à des décors de cinéma grandeur nature figurant la porte de ces mêmes enfers. Une grande salle vide nous fait plonger, grâce à des projection­s vidéo et sonores, dans l’ambiance citadine poisseuse du film d’horreur Ring. Enfin, des oeuvres d’artistes contempora­ins réinterprè­tent les grandes figures de fantômes féminins. « On ne voulait pas trop en dire de manière précise sur ces fantômes, parce qu’un mystère élucidé perd tout son charme », explique Julien Rousseau, commissair­e de l’exposition. Malgré tout, on ressort sacrément instruit de cette exposition qui, notamment, plonge dans les racines bouddhiste­s de ces croyances. « Il y a un contexte culturel religieux global, mais chaque histoire de fantôme est liée à des traditions locales très vivantes. On ne peut pas tout expliquer par le bouddhisme », nuance Julien Rousseau. La variété des formes des oeuvres rend palpable la survivance de ces croyances qui, aujourd’hui encore, habitent les esprits asiatiques et nourrit la culture pop. Il en est ainsi des films de vampires kung-fu où des champions en arts martiaux combattent, sur un mode humoristiq­ue, des esprits maléfiques bondissant­s. Parmi nos autres chouchous, il y a Phi Krasüe, spectre thaïlandai­s de femme qui, la nuit, voit sa tête s’envoler pour dévorer les passants. « Celle-là, c’est une sale bête », s’amuse Julien Rousseau. Autant de fantômes qui, aujourd’hui encore, inspirent les cinéastes.

« Chaque histoire de fantôme est liée à des traditions locales vivantes. » Julien Rousseau, commissair­e

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La scénograph­ie permet de plonger dans l’atmosphère de ces spectres.

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