Ça ne tourne pas très rond
Cyclisme Après un contrôle antidopage anormal en 2017, la présence de Chris Froome sur le Giro, qui commence ce vendredi, irrite
Il sera là, mains rachitiques scotchées au guidon, jambes qui moulinent et regard bloqué sur le capteur de puissance de son vélo. Chris Froome prend, ce vendredi, le départ du Giro, avec pour objectif de réaliser le grand chelem sur les trois grands Tours (France, Espagne et maintenant Italie). Pas facile, prévenait Nibali fin 2017, à l’occasion de la présentation du parcours. Question de climat : « Chris a dit qu’il aimait la chaleur, mais qu’il n’aimait pas le froid. Ce sera intéressant de voir comment il appréhendera le temps changeant d’Italie.»
« J’aurais souhaité que l’UCI porte ses couilles. »
Le coureur Steve Chainel
Ce même froid sec qui contracte les bronches et contraint un asthmatique à prendre une ou deux bouffées de Ventoline. Plus de trente, pour Froome. Cela correspond à la teneur en salbutamol dans ses urines, lors d’un contrôle antidopage sur la Vuelta 2017. Le test, jugé «anormal», lui vaut d’être dans de sales draps. Selon Le Monde, son cas est entre les mains du tribunal antidopage de l’Union cycliste internationale (UCI). Mais les démarches traînent en longueur et la star de la Sky est donc dans le peloton en Italie. «C’est choquant pour le grand public et pour les défenseurs du vélo, confie le champion de France de cyclo-cross Steve Chainel. Maintenant, il est dans son droit, même si j’aurais souhaité que l’UCI porte ses couilles. » La procédure est complexe et les avocats du Britannique, qui ont développé de gros moyens d’investigation, en profitent pour retarder l’affaire.
Cette situation a aussi le don d’irriter le peloton, même si tout le monde n’ose pas parler. «Il y a beaucoup de coureurs propres qui aimeraient lui dire de dégager, mais qui la mettent en veilleuse pour ne pas avoir une mauvaise image», explique Chainel. Tom Dumoulin, le vainqueur sortant du Giro, est plutôt tranquille de ce côté-là. Donc il dégaine : « Sa présence n’est pas bonne pour le cyclisme, lance le Néerlandais, cité par Tuttobiciweb. Il va peut-être gagner la course et, après quelques semaines, ce succès lui sera retiré.» Lors de la conférence de presse organisée avant le grand départ, l’ambiance était électrique. La Sky ne s’est pas trompée en envoyant d’autres coureurs de l’équipe ainsi que deux gardes du corps pour épauler Froome, censé se retrouver seul dans la fosse aux lions. Chez les coureurs, on a « du mal à voir comment il pourrait se pointer sur le Tour de France, sachant que ce sera tout puissance mille», assure une source proche du peloton. Quand on sait à quel point il a été critiqué à une époque où il était propre, on est effectivement en droit de se poser la question de son traitement sur les routes françaises. Et encore plus s’il remporte le Giro.
William Pereira