20 Minutes (Paris)

En 1991, l’OM oublie Stojkovic et verse ses larmes à Bari

Avant celle de Ligue Europa mercredi, retour sur les finales européenne­s de l’OM (1/3)

- Bertrand Volpilhac

Quand la France et le Brésil seront à la 110e minute de la finale du Mondial russe, Didier Deschamps pourra faire entrer un défenseur pour bétonner. Oui, même s’il a déjà fait ses trois changement­s. Raymond Goethals, lui, n’avait droit qu’à deux remplaceme­nts au moment de la première finale européenne de l’OM, en 1991. Auteur d’un parcours parfait dans cette Coupe d’Europe des clubs champions, l’OM était la meilleure équipe du Vieux Continent. Elle devait finir en beauté face à l’Etoile Rouge de Belgrade, fierté du football yougoslave, avec son milieu Prosinecki-Jugovic-Miha-jlovic-Savicevic. Ne manquait qu’un magicien à ce quatuor pour compléter la dream team : Dragan Stojkovic. Une terreur, passée à l’OM contre 49 millions de francs (plus de sept millions d’euros) au mercato.

Blessé au genou en début de saison, Stojkovic refait un match complet juste avant la finale. « Tout le monde se demandait s’il allait jouer, raconte Gilles Castagno, historien de l’OM et auteur de Marseille, un club de légende. La seule chose qui faisait peur aux supporters de l’Etoile Rouge, c’était Stojkovic. » Mais quelques heures avant la rencontre, le coach marseillai­s prend une décision étonnante. « A la causerie, lorsque Goethals a annoncé que Stojkovic ne démarrait pas le match, nous avons pris un coup sur la tête, assure Jean-Pierre Papin, des années plus tard, sur le site du club. De mon point de vue, avec autant de recul, c’était une erreur. »

S’il avait eu droit à trois changement­s, Goethals aurait sans doute tenté le pari Stojkovic avant la 112e minute de jeu. Mais même en huit petites minutes, le Yougoslave change le match. L’OM se procure des occasions et Stojkovic se balade au milieu de ses ex-coéquipier­s. Mais il ne trouve pas la solution, et l’OM s’incline aux tirs au but. « Lorsqu’il est entré en jeu, j’ai vu la peur sur leur visage, mais c’était trop tard, ajoute Papin. Il fallait le mettre au coup d’envoi. Avec lui, l’OM aurait montré autre chose. »

Stojkovic, lui, n’a pas digéré : « Ça m’a fait mal, je n’ai jamais compris son choix, a t-il expliqué sur le site du Phocéen. Sur ce match, Goethals s’est planté. C’était un match pour moi, ils avaient peur de moi. Mais Raymond a dit non. » Le sorcier belge, décédé en 2004, ne s’en est jamais expliqué. « A L’époque, Goethals avait un onze type et il ne changeait jamais, explique Gilles Castagno. Stojkovic était blessé toute la saison… Quelque part, tout le monde se doutait qu’il n’allait pas jouer. »

« C’était un match pour moi, mais Raymond a dit non. » Dragan Stojkovic

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Les Marseillai­s de Stojkovic (n°12) abattus après la finale perdue en 1991.

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