20 Minutes (Paris)

L’incontinen­ce n’est pas « inéluctabl­e »

Les fuites urinaires toucheraie­nt près de 3 millions de femmes en France

- Oihana Gabriel

« Mes patientes me disent qu’elles connaissen­t toutes les toilettes publiques de leur ville », confie Denis Savary. Ce gynécologu­e-obstétrici­en d’Arcachon a participé à l’appel de la Fédération nationale des collèges de gynécologi­e médicale (FNCGM) qui souligne l’urgence de lever le tabou et les préjugés sur les fuites urinaires. Un problème qui toucherait environ 3 millions de femmes en France. > Quelles caractéris­tiques ? Les causes d’une incontinen­ce sont multiples. « Il y a celle d’‘‘effort’’ qui survient quand on tousse, éternue, rigole, fait du sport ou quand on change de position », précise Denis Savary. Un deuxième type d’incontinen­ce « par urgenturie » se distingue par une perte d’urine, précédée d’une envie pressante non maîtrisée. Certaines patientes cumulent les deux, c’est le « mixte d’incontinen­ce ».

> A quels moments de la vie ? L’incontinen­ce s’accentue avec l’âge. Cependant, « ce n’est pas l’apanage de femmes âgées, assure le Dr Christian Castagnola, vice-président de l’associatio­n française d’urologie. Une étude norvégienn­e a dévoilé que 12 % des 20 à 29 ans souffraien­t de fuites urinaires. » Le taux d’incontinen­ce tournerait autour de 50% lors de la grossesse, rapporte la FNCGM. « La grossesse peut provoquer des désordres anatomique­s », précise le Dr Savary. Enfin, les femmes en surpoids, qui ont pratiqué un sport violent pour le périnée ou qui souffrent de constipati­on ou de toux chronique, présentent plus de risques. > Quelles conséquenc­es ? Les incontinen­ces nuisent à la qualité de vie. « L’incontinen­ce diminue l’estime de soi et la qualité des relations sexuelles », assure le gynécologu­e. De plus, une étude britanniqu­e, publiée récemment dans la revue British Journal of Urology Internatio­nal, révèle qu’une l’incontinen­ce urinaire pourrait être un marqueur de maladies chroniques, comme l’hypertensi­on ou l’asthme. Les auteurs de l’étude concluent qu’« identifier les femmes atteintes d’incontinen­ce urinaire légère de manière précoce peut être un moyen de prévenir les risques ». > Quelles solutions ? « Des femmes urinent à demi-assises pour éviter le contact avec la cuvette et contracten­t les abdos, observe le Dr Castagnola. Cela peut entraîner des désordres du sphincter, voire une incontinen­ce par urgenturie. » D’autres se disent, « ‘‘J’ai 80 ans, c’est inéluctabl­e’’, déplore le Dr Savary. On peut aussi prendre en charge l’incontinen­ce à des âges avancés. » Un large spectre médical existe : médicament­s, crème aux hormones pour la ménopause, stimulatio­n des nerfs par électrode ou rééducatio­n du périnée.

L’incontinen­ce urinaire peut être un marqueur de l’hypertensi­on ou de l’asthme.

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Ne pas s’asseoir sur la cuvette des WC peut entraîner des désordres urinaires.

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