L’incontinence n’est pas « inéluctable »
Les fuites urinaires toucheraient près de 3 millions de femmes en France
« Mes patientes me disent qu’elles connaissent toutes les toilettes publiques de leur ville », confie Denis Savary. Ce gynécologue-obstétricien d’Arcachon a participé à l’appel de la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale (FNCGM) qui souligne l’urgence de lever le tabou et les préjugés sur les fuites urinaires. Un problème qui toucherait environ 3 millions de femmes en France. > Quelles caractéristiques ? Les causes d’une incontinence sont multiples. « Il y a celle d’‘‘effort’’ qui survient quand on tousse, éternue, rigole, fait du sport ou quand on change de position », précise Denis Savary. Un deuxième type d’incontinence « par urgenturie » se distingue par une perte d’urine, précédée d’une envie pressante non maîtrisée. Certaines patientes cumulent les deux, c’est le « mixte d’incontinence ».
> A quels moments de la vie ? L’incontinence s’accentue avec l’âge. Cependant, « ce n’est pas l’apanage de femmes âgées, assure le Dr Christian Castagnola, vice-président de l’association française d’urologie. Une étude norvégienne a dévoilé que 12 % des 20 à 29 ans souffraient de fuites urinaires. » Le taux d’incontinence tournerait autour de 50% lors de la grossesse, rapporte la FNCGM. « La grossesse peut provoquer des désordres anatomiques », précise le Dr Savary. Enfin, les femmes en surpoids, qui ont pratiqué un sport violent pour le périnée ou qui souffrent de constipation ou de toux chronique, présentent plus de risques. > Quelles conséquences ? Les incontinences nuisent à la qualité de vie. « L’incontinence diminue l’estime de soi et la qualité des relations sexuelles », assure le gynécologue. De plus, une étude britannique, publiée récemment dans la revue British Journal of Urology International, révèle qu’une l’incontinence urinaire pourrait être un marqueur de maladies chroniques, comme l’hypertension ou l’asthme. Les auteurs de l’étude concluent qu’« identifier les femmes atteintes d’incontinence urinaire légère de manière précoce peut être un moyen de prévenir les risques ». > Quelles solutions ? « Des femmes urinent à demi-assises pour éviter le contact avec la cuvette et contractent les abdos, observe le Dr Castagnola. Cela peut entraîner des désordres du sphincter, voire une incontinence par urgenturie. » D’autres se disent, « ‘‘J’ai 80 ans, c’est inéluctable’’, déplore le Dr Savary. On peut aussi prendre en charge l’incontinence à des âges avancés. » Un large spectre médical existe : médicaments, crème aux hormones pour la ménopause, stimulation des nerfs par électrode ou rééducation du périnée.
L’incontinence urinaire peut être un marqueur de l’hypertension ou de l’asthme.