Un employé de Rent a Car a porté plainte contre un gérant
Info « 20 Minutes » Une enquête est ouverte après la plainte d’un employé d’une agence de location de voitures à Saint-Denis
A ses yeux, « le Noir » n’est pas assez « intelligent » pour s’occuper des clients. Juste bon à « laver les véhicules » dans le garage. Selon nos informations, le gérant d’une agence Rent a Car de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) est visé, depuis mai, par une enquête préliminaire pour « discrimination en raison de l’origine » et « harcèlement moral », à l’encontre d’un de ses employés. Le parquet de Bobigny a confié cette enquête au commissariat de SaintDenis après avoir reçu la plainte de R.W.C. Salarié par le loueur de voitures depuis 2011, cet homme d’origine antillaise assure vivre un enfer depuis qu’il a été muté, en janvier 2017, dans cette agence. Embauché avec un contrat d’agent de comptoir polyvalent, R.W.C. indique, dans sa plainte, que le gérant de l’agence, G.P., le cantonne pourtant aux seules tâches de nettoyage des véhicules de location sans aucun contact avec le public, en raison de la couleur de sa peau.
« Sanctions disciplinaires »
Le gérant « dit qu’il ne veut pas voir [R.W.C.] au comptoir car il n’est pas intelligent, assure l’une de ses collègues dans cette plainte dont 20 Minutes a pris connaissance. (…) Selon lui, le Noir doit rester derrière pour laver les véhicules. Il lui parle comme si c’était son esclave… » Choquée par la situation, cette collègue n’a pas hésité à enregistré clandestinement l’une de ses conversations téléphoniques avec G.P. où on l’entend clairement tenir des propos racistes. « T’es marrante, toi ! Tu as un négro qui est derrière qui est débile ! Toi, on dirait que t’es débile comme lui ! » lâche-t-il. Contactée par 20 Minutes, la direction de Rent a Car indique avoir eu connaissance de « difficultés relationnelles » au sein de cette agence. « Nous avons diligenté une enquête interne. Nous avons entendu tout le monde, précise d’emblée Anne Catherine Pechinot, directrice générale déléguée de la société de location. Cette enquête n’a rien révélé… » Mais, confrontée aux éléments de la plainte et aux propos explicites tenus par G.P., la directrice déléguée finit par reconnaître que «des sanctions disciplinaires » ont été prises à son encontre. « Je ne veux pas révéler la teneur des sanctions, ajoute-t-elle. Mais on lui a rappelé que son langage devait être exemplaire… » Des mesures insuffisantes pour R.W.C. En arrêt maladie depuis quelques mois, il attend désormais que la justice reconnaisse la discrimination dont il se dit l’objet. En parallèle de sa plainte pénale, il a saisi le conseil des prud’hommes pour faire valoir son préjudice.