20 Minutes (Paris)

La campagne de Russie (l’autre)

Football-fiction Et si les Bleus connaissai­ent au Mondial un sort similaire à celui de la Grande Armée...

- De notre envoyé spécial à Moscou, Nicolas Camus

Des Français qui s’en vont batailler en Russie, ça rappelle forcément des souvenirs aux élèves, même les anciens cancres comme nous. Début du XIXe, Premier Empire, Napoléon, au sommet de sa gloire, veut tordre le bras au tsar Alexandre, qui vient de lever le blocus continenta­l qu’il avait instauré. C’est le point de départ de la fameuse « campagne de Russie », qui entraînera sa chute.

Le parallèle avec les Bleus lancés à l’assaut du Mondial 2018 était séduisant. On s’est lancé dans cette reconstitu­tion avec l’aide de François Houdecek, responsabl­e de l’édition de la correspond­ance de Napoléon (15e et dernier volume terminé en mai), à la Fondation Napoléon. Ah oui, on oubliait : pour les besoins de l’histoire, Didier Deschamps sera Napoléon.

Un début de campagne faussement idyllique

François Houdecek. « En 1812, Napoléon est à son apogée. La Grande Armée compte au total près de 600 000 hommes. Quand Napoléon le décide, tout le monde traverse le Niemen, direction Vilnius, puis Smolensk. Il y a de belles descriptio­ns d’époque qui montrent bien la beauté du moment, la gloire que les soldats comptaient tirer de cette campagne. L’armée connaît dès le départ de petits accrocs qui auront beaucoup d’importance pour la suite, comme les problèmes d’approvisio­nnement ou les orages qui vont détremper les sols. »

> L’histoire appliquée au Mondial. A l’approche de la compétitio­n, tout roule pour Deschamps, qui a prolongé en octobre jusqu’en 2020. Le stage se déroule à merveille. L’équipe de France arrive en Russie gonflée à bloc, même si le départ de Zidane du Real Madrid a posé d’inévitable­s questions sur la succession du coach. Les deux premiers matchs face à l’Australie et au Pérou sont une formalité, malgré une erreur de main de Lloris devant Guerrero. Le nul contre le Danemark pousse toutefois les Bleus à la deuxième place à la différence de but. « La partie de tableau importe peu », répond DD.

Une arrivée à Moscou synonyme de cauchemar

François Houdecek. « La Grande Armée entre dans Moscou le 14 septembre, avec le sentiment d’avoir accompli un véritable exploit. Dans l’esprit de tous, ils entrent dans une capitale, donc ils vont signer la paix. Mais Napoléon et ses soldats entrent dans une ville désertée, ce qui les perturbe beaucoup. Et puis un incendie va ravager la ville. Pendant ce temps-là, Napoléon attend toujours un signe du tsar, qui ne viendra jamais. Alexandre ne veut pas signer la paix. Dès lors, les Français ne comprennen­t plus cette campagne. » > L’histoire appliquée au Mondial. Après avoir éliminé de justesse l’Argentine en 8es puis l’Espagne, les Bleus se disent qu’une demi-finale face à l’Angleterre ne sera qu’une formalité. Et pourtant. Il fait lourd à Moscou, les Bleus sont fatigués et les Anglais les font courir. Giroud marque, en tout cas c’est ce qu’on croit. Stones s’est jeté sur la ligne pour dégager. Les Français attendent la réponse de la vidéo... qui ne vient pas. Gros bug en régie. Dans le doute, l’arbitre refuse le but. Au terme d’un 0-0 étouffant, les hommes de DD-Napoléon sont éliminés aux tirs au but.

Une retraite catastroph­ique

> François Houdecek. « Aucun signe du tsar... Napoléon cherche à se replier. Les Français se replient sur la Berezina le 25 novembre, ils parviennen­t à passer la rivière, mais paient un lourd tribut. Les températur­es chutent, le nombre de traînards grossit. Bientôt, les troupes sont presque minoritair­es par rapport aux déserteurs. Les Français repassent le fleuve Niemen le 12 décembre, avec 10% de toutes les unités. »

> L’histoire appliquée au Mondial. L’éliminatio­n laisse des traces. Pogba reproche à Deschamps ses choix tactiques trop défensifs. DD se replie sur lui-même et annonce qu’il jouera le podium avec les « coiffeurs ». L’ambiance à l’entraîneme­nt est pesante, les remplaçant­s pas du tout dans le rythme. Le contrôle antidopage diligenté par les organisate­urs russes la nuit précédente n’arrange rien. La Croatie s’impose 4-0.

Comme la Grande Armée, l’équipe de Didier Deschamps arrive en Russie, sûre de sa force.

C’est la Berezina pour les Bleus, qui perdent leur esprit de corps après l’éliminatio­n.

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##JEV#117-69-https://www.dailymotio­n.com/video/x6ljczi##JEV# Avant cette Coupe du monde, aucun grain de sable n’étaitvenu enrayer la marche en avant des troupes de Didier Deschamps, croyait-on.

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