20 Minutes (Paris)

Du beau monde, une jeune métisse et de noirs desseins

Festival d’Annecy Michel Ocelot a présenté lundi soir «Dilili à Paris», qui sortira le 10 octobre

- De notre envoyé spécial à Annecy, Stéphane Leblanc

Le Festival du cinéma d’animation d’Annecy fêtait lundi soir le grand retour de Michel Ocelot avec Dilili à Paris, qui sortira en salles le 10 octobre. Le réalisateu­r de Kirikou et la sorcière ne cachait pas sa nervosité sur scène lors de cette ouverture de la 42e édition du festival : « C’est la première fois que je vois mon film avec un public. Mon coeur bat très fort, et j’espère que vous l’aimerez.» Tout le monde ne l’a pas aimé, mais peu importe.

Les affres du racisme

« Quand j’ai voulu traiter du Paris de la Belle Epoque, je me suis rendu compte à quel point les gens étaient blanchâtre­s à cette époque, explique Michel Ocelot. D’où l’idée d’une petite héroïne métisse kanake, parce que cette idée me ressemble, et parce que je sais, depuis Kirikou, qu’on attend ça de moi.» Dilili subit les affres d’un certain racisme colonialis­te du début du XXe siècle, en même temps qu’elle vit l’expérience, pas si facile à l’époque, d’être une fille. « La résistance à l’éducation des filles était alors très active», rappelle Michel Ocelot. Cela n’empêchera pas cette fillette plus éduquée que la moyenne de rencontrer du beau monde, de Sarah Bernhardt à Rodin en passant par Marie Curie ou Toulouse-Lautrec, Louise Michel. Mais voilà que des fillettes de l’âge de Dilili se retrouvent kidnappées par une société secrète opposée à l’émancipati­on des femmes et bien résolue à les transforme­r en chaises ou en tables basses, recouverte­s d’un drap noir. «Il faut le voir comme un symbole de l’humiliatio­n de la femme », justifie le réalisateu­r.

Il n’y a pas de mauvaise intention chez Michel Ocelot, pas plus que d’envie de profiter de la vague féministe. C’est d’ailleurs une question qui ne l’a jamais effleuré sur le plan profession­nel : « Non, il n’y a jamais eu de sexisme dans le milieu du cinéma d’animation, estime-t-il. On prend toujours les meilleurs, sans examiner leur sexe.»

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L’héroïne, Dilili, est une jeune Kanake dans le Paris de la Belle Epoque.

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