20 Minutes (Paris)

C’est la mamie de tout un pays

Le Panama, avec sa grand-mère portebonhe­ur, affronte la Belgique ce lundi

- De notre envoyé spécial à Moscou, Julien Laloye

Journée historique pour le Panama. Pour la première fois de son histoire, le petit pays latino-américain va jouer, ce lundi face à la Belgique, un match de Coupe du monde. Et il le doit, un peu, à Elida de Mitchell. En octobre 2017, dans une rencontre importante pour la qualif face au Costa Rica, cette mamie panaméenne a pénétré sur la pelouse dans le temps additionne­l, juste après

« Je ne suis pas folle, je n’ai pas envie de finir dans une prison russe. »

Elida de Mitchell

que ses protégés ont marqué un but décisif, rejoint le rond central et feint l’évanouisse­ment à deux reprises pour faire passer les trois minutes de supplice un peu plus vite. Elle y a gagné un surnom («la tia del Mundial», la tata du Mondial) et une reconnaiss­ance infinie de ses compatriot­es. D’ailleurs, elle a été invitée par un média local à assister au match face aux Belges. «Ce que j’ai fait ce jour-là, je l’ai fait parce que je me suis laissée emporter par l’émotion, raconte-t-elle. Deux hommes sont entrés sur la pelouse avant, ils ont été sortis sans ménagement. Moi, je suis une grand-mère, ils n’ont pas osé ! » Vient ensuite la cerise sur le gâteau : «Je suis tombée à cause d’une douleur au tibia, reprendell­e. Mais ce n’était pas grave, alors le policier qui s’est approché de moi m’a dit : “Maintenant, si tu veux que ça serve à quelque chose, fait semblant d’avoir un malaise.” Un joueur est venu me voir pour me demander si j’allais bien, j’ai répondu : “Laisse-moi ici, on est en train de se qualifier.”» Ce lundi, contre la Belgique, Elida de Mitchell sera dans les tribunes du stade de Sotchi pour soutenir les

siens. Mais est-elle prête à réaliser un nouveau numéro de commedia dell’arte au cas où les choses tourneraie­nt bien pour les Canaleros : « Je ne suis pas folle, je n’ai pas envie de finir dans une prison russe, rigole Elida de Mitchell. Et puis, encore une fois, c’était totalement spontané parce que c’était incroyable.» Un truc dont elle est néanmoins sûre : il risque de pleuvoir des larmes au moment de l’hymne national avant le match. Et pas que sur les joues des supporters. «Certains joueurs m’ont dit que rien que d’y penser, ils avaient déjà l’oeil un peu humide. Ils vont avoir du mal à se retenir. Vous vous rendez compte, le Panama va jouer une Coupe du monde!» Impossible de manquer ça, alors.

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Elida de Mitchell en compagnie du défenseur panaméen Hernan Torres.

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