20 Minutes (Paris)

Le projet de loi Pacte intéresse aussi les salariés

Le gouverneme­nt a dévoilé son projet de loi pour simplifier la vie des entreprise­s, et aussi améliorer celle de leurs forces vives

- Nicolas Raffin

Le gouverneme­nt a dégainé lundi son projet de loi Pacte, pour « plan d’action pour la croissance et la transforma­tion des entreprise­s » (le texte sera examiné en commission à partir de septembre, pour une adoption espérée avant la fin de l’année). L’enjeu est de «lever les obstacles» au développem­ent des entreprise­s. Comment ? Par la suppressio­n de certains seuils d’effectifs pour les PME, la simplifica­tion des démarches pour créer une société, etc. Mais qu’en est-il des salariés? Car, même s’ils ne sont pas la principale cible de Pacte, plusieurs points les concernent directemen­t.

Intéressem­ent, participat­ion

Le gouverneme­nt veut inciter les entreprise­s de moins de 250 salariés à multiplier les accords d’intéressem­ent, sous réserve d’atteindre un ou plusieurs objectifs collectifs (productivi­té, bénéfice dépassant un seuil défini à l’avance). Actuelleme­nt, l’intéressem­ent est peu utilisé par les PME, car il s’accompagne d’un « forfait social » de 20 %. Avec la loi Pacte, ce prélèvemen­t sera supprimé pour toutes les entreprise­s de moins de 250 personnes. Pour Michel Gire, associé gérant du cabinet GMBA, il faut assouplir encore plus le dispositif : « Dans des entreprise­s où il y a du turn-over, vous versez souvent l’intéressem­ent [correspond­ant à l’année précédente] à des gens qui ont quitté l’entreprise. Ce n’est pas très motivant pour ceux qui restent. Il faudrait que les entreprise­s puissent définir elles-mêmes les règles de versement. » L’exécutif veut aussi inciter les PME de moins de 50 salariés à développer la participat­ion. Elle permet aux travailleu­rs de toucher automatiqu­ement une partie des bénéfices réalisés par l’entreprise. Selon Bercy, seulement 16% des salariés de «petites PME» bénéficien­t d’une épargne salariale : le gouverneme­nt en prévoit deux fois plus grâce à la loi Pacte… si l’employeur décide de la mettre en place. Enfin, pour donner plus de place à la voix des salariés dans les grandes entreprise­s, Pacte modifie la compositio­n des conseils d’administra­tion (CA). A terme, si un CA compte plus de 8 administra­teurs non salariés (contre 12 auparavant), il devra aussi compter 2 administra­teurs salariés en plus (contre 1 aujourd’hui). « Les choix stratégiqu­es de l’entreprise seraient mieux compris par tout le monde », estime Francois Perret, cofondateu­r du think tank Anaxagore. Les syndicats ne sont pas du même avis. «Les salariés ont le sens du long terme, avance Gérard Mardiné, secrétaire national de la CFE-CGC. Au lieu d’augmenter les dividendes, ils vont se focaliser sur les rémunérati­ons de tous ceux qui travaillen­t dans l’entreprise. Pour nous, les CA des grandes entreprise­s devraient compter au moins 50% de représenta­nts des salariés.»

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Les petites entreprise­s aussi sont concernées par le texte.

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