20 Minutes (Paris)

Pas de révolution russe

Le pays hôte, qui joue contre l’Egypte ce mardi, ne s’enflamme pas pour sa sélection

- De notre envoyé spécial à Moscou, Julien Laloye

Une semaine que nous sommes en Russie et on se demande toujours si les locaux s’intéressen­t à leur équipe nationale. Dans les rues, les supporters Sud-Américains sont partout. Mais c’est toujours pareil : ceux qui viennent de loin le font savoir. Oui, on a ressenti un début d’engouement lors de la démonstrat­ion de la Sbornaya face aux Saoudiens (5-0). Mais, malgré l’ampleur du score, le soufflé est vite retombé. Même dans la forêt de Novogorsk, le camp de base historique de la sélection. Dimanche, elle a eu droit à la visite de Vitaly Mutko, l’ancien ministre des Sports et président de la fédération, qui s’est mis en retrait au regard des scandales qui ont entaché le sport russe sous son mandat. Un retrait tout relatif. Surpris par le succès inaugural de la Sbornaya, le pouvoir russe s’est raccroché aux branches, avec un coup de fil de Poutine au sélectionn­eur Cherchesov dans les vestiaires, et le retour de ce bon vieux Mutko, donc. «On se concentre sur les gens qui donnent leur opinion ou qui écrivent des articles, mais, croyez-moi, des millions de personnes soutiennen­t cette équipe, s’est-il enflammé. Les joueurs sont conscients de leur responsabi­lité. »

Cette allégresse collective dépeinte par Mutko semble passer au-dessus du très sage Cherchesov, qui racontait que la moitié de la population russe n’était sans doute pas au courant qu’un Mondial allait commencer. Les journalist­es locaux hésitent, eux, entre optimisme raisonnabl­e et prudence démesurée. Dmitry Simonov (Sport express) estime que la victoire inaugurale a un peu changé les choses : «Les gens avaient peur d’avoir honte, maintenant, ils espèrent que l’équipe va passer en 8e de finale, mais guère plus, je pense. »

Dans le bar des fans du Spartak Stadium, Grigory ne résiste pas à l’envie de nous montrer la vidéo qui fait un carton en Russie : presque 10 millions de vues pour Semyon Slepakov, qui caricature les joueurs de la Sbornaya, concentrés à textoter des filles rencontrée­s en boîte de nuit au lieu de penser au match d’ouverture. «Cette chanson nous a fait rire, mais elle n’est plus d’actualité. Elle dit qu’on va perdre contre les Saoudiens, alors qu’on a gagné. Mais l’Arabie saoudite, c’est nul, non ? » C’est tout le dilemme des Russes avant d’affronter l’Egypte renforcée par Salah, ce mardi. Faut-il vraiment se fier à ce match pour se donner une idée du potentiel de la Sbornaya et de l’engouement qui peut suivre? Pas vraiment.

« Les gens avaient peur d’avoir honte. Maintenant, ils espèrent aller en 8 e . » Dmitry Simonov

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Malgré le succès face aux Saoudiens, il y a peu d’engouement pour la sélection.

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