Simone Veil, une « icône » au Panthéon
Des milliers de personnes ont célébré la mémoire de l’académicienne
Pour l’entrée au Panthéon, dimanche, de Simone Veil et de son époux Antoine, la République n’avait pas déroulé le tapis rouge. A la place, c’est un tapis bleu qui avait été posé de la rue Soufflot (Paris, 5e) jusqu’à l’intérieur du temple républicain. Selon l’Elysée, cette couleur «symbolise la paix, l’entente entre les peuples, et bien sûr, l’Europe » : des thèmes chers à celle qui connut l’enfer d’Auschwitz avant de se battre pour la construction européenne et de devenir présidente du Parlement européen en 1979. Ce nouvel hommage, après celui rendu aux Invalides en 2017, juste après sa mort, a attiré des milliers de personnes en plein coeur de Paris. «C’est très important pour moi d’être là, a expliqué Karine, une enseignante venue de Drancy (Seine-Saint-Denis). C’était une femme hors du commun.» En attendant le passage du cortège, elle a feuilletté une BD sur la vie de Simone Veil : «C’est pour mes élèves. Je la mettrai au fond de la classe afin qu’ils puissent la découvrir.» Au moment où les deux cercueils ont fait leur apparition, la foule a applaudi, comme pour remercier une dernière fois celle qui fut pour beaucoup une héroïne de la vraie vie. « Simone Veil, c’est quelqu’un qui a valorisé la femme, a affirmé Catherine. Elle l’a fait de manière très moderne, elle était très courageuse et n’avait pas froid aux yeux.» Pour symboliser cet engagement, le cortège a d’ailleurs marqué un arrêt devant l’un des panneaux retraçant la vie de l’académicienne : celui commémorant la loi Veil de 1975 sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Au moment de son discours, Emmanuel Macron n’a pas manqué de rappeler qu’elle avait défendu cette loi « pour les femmes meurtries dans leur chair, dans leur âme, par les faiseuses d’anges [celles qui pratiquaient des avortements clandestins], pour les femmes qui devaient cacher leur détresse ou la honte». Avant de déclarer : «Avec Simone Veil entrent ici ces générations de femmes qui ont fait la France, sans que la nation leur offre la reconnaissance et la liberté qui leur était due.» Aux yeux de Clémence, étudiante de 20 ans venue exprès d’Angers pour la cérémonie, Simone Veil était « comme une icône ». « Je retiens sa force de caractère après sa déportation et la perte de toute sa famille.» L’hommage de dimanche était aussi historique : c’est la première fois qu’une déportée juive entre au Panthéon. Ce lundi, son cercueil sera descendu dans le sixième caveau, celui où reposent Jean Moulin, grande figure de la Résistance, mais aussi Jean Monnet, l’un des pères fondateurs de l’Europe. «Elle sera accueillie en égale dans cette famille», a affirmé Emmanuel Macron.
« C’était important pour moi d’être là. C’était une femme hors du commun. »
Karine, enseignante