La consultation sur la réforme démarre avec des doutes
La consultation sur la réforme n’emballe pas ses (futurs) intéressés
Il y avait un petit air de rentrée, jeudi, au Palais des congrès de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Une centaine de personnes – actifs, retraités, chômeurs, fonctionnaires… – se sont retrouvées au premier atelier participatif sur la réforme des retraites, voulue par Emmanuel Macron. «Je suis convaincu de l’intelligence collective que vous représentez, a expliqué Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire chargé de porter la réforme. On compte beaucoup sur l’implication citoyenne. Lorsque je ferai mes préconisations au gouvernement, les contributions émanant des citoyens seront clairement citées.» Dans un premier temps, l’auditoire a eu droit à une présentation du régime de retraite actuel. Sans surprise considéré comme « injuste », « illisible», notamment à cause des multiples régimes spéciaux ou encore des différences entre public (où la retraite est calculée sur les six derniers mois, hors primes) et privé (où on retient les 25 meilleures années de salaires). Le haut-commissaire a pris le relais en expliquant en quoi consiste la réforme : un système « universel » qui se rapproche d’un modèle « à points », où «un euro cotisé donne les mêmes droits pour tous ». Les premières questions ont ensuite été posées : comment être sûr que le nouveau système ne pénalisera pas ceux qui ont des carrières difficiles? «Le système à points n’interdit pas un système de solidarité, avec un niveau de pension minimum », a répondu Jean-Paul Delevoye. Y aura-t-il un âge de départ légal ? « Nous souhaitons garder un seuil à 62 ans. Au-delà, les gens pourront partir lorsqu’ils le souhaitent», a-t-il rassuré.
« A 80 %, c’est de l’habillage »
« Les contributions donneront lieu à un compte rendu, qui sera publié sur la plateforme en ligne», a indiqué Judith Ferrando, du cabinet de conseil Missions publiques, chargée d’organiser le rendez-vous. Les principaux acteurs de la journée, eux, ont été plutôt partagés sur l’impact que pourraient avoir l’atelier et leurs propositions. « Je crains que les choix politiques ne soient déjà faits », a relevé Judith, une habitante de Montreuil. «A 80% c’est de l’habillage, a estimé Pascal, retraité. Mais on ne sait jamais, il peut y avoir quelques idées qui seront retenues. » « On n’est plus dans un système où l’on décide d’abord, puis on demande aux gens d’obéir, a affirmé Jean-Paul Delevoye. Il faut que chacun s’approprie l’enjeu, participe, contribue et valorise la solution. » Le haut-commissaire aura d’autres occasions de vanter sa méthode, car des ateliers sont prévus d’ici à fin octobre à Lorient, Strasbourg ou Toulon. A la fin de l’année, un « jury citoyen » remettra un « avis » à Jean-Paul Delevoye, qui a promis de l’intégrer aux propositions qu’il fera à Emmanuel Macron.