Le peuple prend la main
Déterminés à faire pression sur les politiques, des dizaines de milliers de citoyens devraient descendre dans la rue, samedi, au nom des enjeux climatiques.
Vingt-deux mille participants annoncés, 99000 autres se disant intéressés... Samedi après-midi, le parvis de l’hôtel de Ville de Paris devrait être noir de monde : il sera le point de ralliement de La Marche pour le climat, événement Facebook lancé par Maxime Lelong. Pour ce «citoyen lambda» de 27 ans, comme il se définit lui-même, la démission de Nicolas Hulot de son poste de ministre de la Transition écologique a été «un appel explicite à descendre dans la rue montrer que le climat est une priorité».
« La démission de Nicolas Hulot a donné une autre dimension à ces événements. » Clémence Dubois, militante
« Il ne faut pas tout attendre du gouvernement. »
Alexandra Romano, communicante
«Il n’y a eu, par le passé, que très peu de manifestations massives sur le climat », constate Maxime Combes, porte-parole d’Attac sur les enjeux climatiques. L’économiste cite celles de Copenhague en 2009 (100000 manifestants) et New York en 2014 (plus de 300000 manifestants), organisées en marge des sommets sur le climat qui s’y tenaient alors. Quant à celle de Paris, fin 2015, en parallèle de la COP21, elle n’a pas eu l’ampleur escomptée dans un contexte de menace terroriste.
Forcément, le rassemblement prévu samedi réjouit les associations de protection de l’environnement, qui avaient d’ores et déjà programmé des mobilisations ce même jour, décrété Journée mondiale d’action pour le climat. «La démission de Nicolas Hulot a donné une autre dimension à plusieurs de ces événements, observe Clémence Dubois, responsable des campagnes en France pour 350.org. A Paris, La Marche pour le climat s’est ainsi greffée à un “happening” que nous comptions organiser place de l’hôtel de Ville. Mais nous ne tablions que sur une centaine de participants. » Un exemple parmi tant d’autres, insiste la militante, qui rappelle que « des manifestations sont prévues un peu partout en France, samedi, boostées par des citoyens au même profil que Maxime Lelong».
Tous ne choisissent pas d’organiser une marche. Alexandra Romano a lancé sur les réseaux le hashtag #onprendlerelais. Le but : inciter les internautes à témoigner dans une vidéo de leur envie de rester mobilisés sur les questions climatiques. Cette directrice d’une agence de communication parisienne sait qu’il n’y a pas (encore ?) de quoi faire trembler la République : « L’idée est, déjà, de rompre avec ce pessimisme ambiant qui consiste à dire que ça ne sert à rien d’agir parce que c’est trop tard, parce qu’il y a Trump, parce que les lobbies sont trop puissants. Il ne faut pas tout attendre du gouvernement. A nous aussi, citoyens, de prendre des initiatives. »
Maxime Lelong espère tout de même que les participants aux différentes marches pour le climat soient suffisamment nombreux pour adresser un message fort au gouvernement. «Celui que la lutte contre le dérèglement climatique n’est plus une option», lance-t-il. Maxime Combes, lui aussi, mise sur l’effet nombre. «Nous avons tous plus ou moins commencé à changer nos habitudes, en intégrant des Amap, en mangeant bio… C’est essentiel pour engager la transition écologique, mais ces initiatives sont peu visibles des médias et des politiques. Il faut aussi montrer qu’on est un grand nombre à vouloir que l’environnement devienne une priorité de nos politiques.» Et Clémence Dubois d’évoquer sans surprise l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Damedes-Landes.
Le sursaut citoyen, né de la démission de Nicolas Hulot, retomberat-il aussi vite qu’il a été provoqué ? Maxime Lelong, en pleine préparation d’un nouveau projet professionnel, ne sait pas encore de quelle façon il restera mobilisé sur les questions climatiques après la marche de samedi. Même flou pour Alexandra Romano concernant la suite à donner à #onprendlerelais.