20 Minutes (Paris)

Le peuple prend la main

Déterminés à faire pression sur les politiques, des dizaines de milliers de citoyens devraient descendre dans la rue, samedi, au nom des enjeux climatique­s.

- Fabrice Pouliquen

Vingt-deux mille participan­ts annoncés, 99000 autres se disant intéressés... Samedi après-midi, le parvis de l’hôtel de Ville de Paris devrait être noir de monde : il sera le point de ralliement de La Marche pour le climat, événement Facebook lancé par Maxime Lelong. Pour ce «citoyen lambda» de 27 ans, comme il se définit lui-même, la démission de Nicolas Hulot de son poste de ministre de la Transition écologique a été «un appel explicite à descendre dans la rue montrer que le climat est une priorité».

« La démission de Nicolas Hulot a donné une autre dimension à ces événements. » Clémence Dubois, militante

« Il ne faut pas tout attendre du gouverneme­nt. »

Alexandra Romano, communican­te

«Il n’y a eu, par le passé, que très peu de manifestat­ions massives sur le climat », constate Maxime Combes, porte-parole d’Attac sur les enjeux climatique­s. L’économiste cite celles de Copenhague en 2009 (100000 manifestan­ts) et New York en 2014 (plus de 300000 manifestan­ts), organisées en marge des sommets sur le climat qui s’y tenaient alors. Quant à celle de Paris, fin 2015, en parallèle de la COP21, elle n’a pas eu l’ampleur escomptée dans un contexte de menace terroriste.

Forcément, le rassemblem­ent prévu samedi réjouit les associatio­ns de protection de l’environnem­ent, qui avaient d’ores et déjà programmé des mobilisati­ons ce même jour, décrété Journée mondiale d’action pour le climat. «La démission de Nicolas Hulot a donné une autre dimension à plusieurs de ces événements, observe Clémence Dubois, responsabl­e des campagnes en France pour 350.org. A Paris, La Marche pour le climat s’est ainsi greffée à un “happening” que nous comptions organiser place de l’hôtel de Ville. Mais nous ne tablions que sur une centaine de participan­ts. » Un exemple parmi tant d’autres, insiste la militante, qui rappelle que « des manifestat­ions sont prévues un peu partout en France, samedi, boostées par des citoyens au même profil que Maxime Lelong».

Tous ne choisissen­t pas d’organiser une marche. Alexandra Romano a lancé sur les réseaux le hashtag #onprendler­elais. Le but : inciter les internaute­s à témoigner dans une vidéo de leur envie de rester mobilisés sur les questions climatique­s. Cette directrice d’une agence de communicat­ion parisienne sait qu’il n’y a pas (encore ?) de quoi faire trembler la République : « L’idée est, déjà, de rompre avec ce pessimisme ambiant qui consiste à dire que ça ne sert à rien d’agir parce que c’est trop tard, parce qu’il y a Trump, parce que les lobbies sont trop puissants. Il ne faut pas tout attendre du gouverneme­nt. A nous aussi, citoyens, de prendre des initiative­s. »

Maxime Lelong espère tout de même que les participan­ts aux différente­s marches pour le climat soient suffisamme­nt nombreux pour adresser un message fort au gouverneme­nt. «Celui que la lutte contre le dérèglemen­t climatique n’est plus une option», lance-t-il. Maxime Combes, lui aussi, mise sur l’effet nombre. «Nous avons tous plus ou moins commencé à changer nos habitudes, en intégrant des Amap, en mangeant bio… C’est essentiel pour engager la transition écologique, mais ces initiative­s sont peu visibles des médias et des politiques. Il faut aussi montrer qu’on est un grand nombre à vouloir que l’environnem­ent devienne une priorité de nos politiques.» Et Clémence Dubois d’évoquer sans surprise l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Damedes-Landes.

Le sursaut citoyen, né de la démission de Nicolas Hulot, retomberat-il aussi vite qu’il a été provoqué ? Maxime Lelong, en pleine préparatio­n d’un nouveau projet profession­nel, ne sait pas encore de quelle façon il restera mobilisé sur les questions climatique­s après la marche de samedi. Même flou pour Alexandra Romano concernant la suite à donner à #onprendler­elais.

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Une manifestat­ion à Paris, fin 2015, pour inciter les Etats à renforcer leurs politiques climatique­s.

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