Le perchoir leur monte à la tête
Le poste laissé vacant par François de Rugy ravive les rivalités internes au sein de La République en marche
Qui obtiendra le quatrième poste politique le plus prestigieux de la République? La question attise les convoitises à La République en marche, assurée d’obtenir la présidence de l’Assemblée nationale avec sa majorité de plus de 300 députés. Le successeur de François de Rugy, nommé ministre de la Transition écologique mardi, sera élu mercredi. Il n’y aura qu’un(e) candidat(e) macroniste, qui doit être désigné(e) lundi à Tours, où les députés LREM seront réunis avant la rentrée parlementaire.
Richard Ferrand et les autres
Ce scrutin interne révèle des rivalités et des clans au sein du groupe parlementaire. Ils étaient cinq candidats mercredi, date butoir pour se présenter, jusqu’au retrait surprise, jeudi, de Yaël Braun-Pivet. La présidente de la Commission des lois a annoncé qu’elle ralliait Richard Ferrand, le président du groupe parlementaire contre qui elle avait pourtant eu des mots très durs le matin même sur RTL. Le député du Finistère fait figure de favori et, selon Le Parisien, c’est l’Elysée qui est derrière sa candidature. Il s’agirait d’une prime à la loyauté : «Il était au tout début avec Macron, c’est la reconnaissance du ventre. Il faut faire confiance aux précurseurs de cette aventure», plaide Joachim Son-Forget, député des Français de l’étranger. « Il faut quelqu’un dont la loyauté n’est pas questionnable», complète-t-il au sujet de celui pourrait présider l’une des deux chambres législatives du pays.
Trois autres candidats sont en lice. Philippe Folliot, Barbara Pompili et Cendra Motin. Le premier, député du Tarn issu des rangs centristes, était déjà candidat en juin 2017. La deuxième, élue dans la Somme et proche de François de Rugy, car issue des rangs écologistes comme lui, est soutenue notamment par les députés écolo-macronistes, mais pas uniquement. «Il y a un nouveau monde à bâtir, et Barbara Pompili incarne les attentes écologistes et paritaires », assure le député des Bouches-duRhône François-Michel Lambert. La troisième est députée de l’Isère. L’argument de la portée symbolique de l’élection d’une femme au perchoir est repris par de nombreux députés macronistes. Ce poste n’a jamais été occupé par une députée. «Si c’était vraiment l’enjeu de la cause des femmes, pourquoi ne pas avoir fait une seule candidature féminine ? » s’interroge un partisan de Richard Ferrand. «A ce poste, on a besoin de quelqu’un d’expérimenté», renchérit un autre député du parti qui a prôné tant le renouvellement que l’entrée de novices en politique.
Le débat fait un peu désordre et rappelle les cafouillages survenus lors de l’élection du patron du parti en novembre. En un an, LREM s’est toutefois habituée à ces remous internes, notamment lors du débat houleux sur la loi sur l’immigration.