«Cet édito ne va rien changer»
La chercheuse Laurence Nardon doute que les récentes attaques contre Donald Trump aient un effet sur la présidence
Bam! Lundi, Donald Trump est présenté comme un président inculte, colérique et paranoïaque dans les extraits du livre du journaliste d’investigation Bob Woodward. Rebam ! Jeudi, un haut responsable dénonce dans une tribune « l’amoralité » du président qui prend des décisions « impulsives, mal avisées et parfois dangereuses ». Mais, pour Laurence Nardon, responsable du programme Etats-Unis à l’Institut français des relations internationales (Ifri), ces publications risquent de faire pschit.
Les dernières attaques contre Trump signifient-elles qu’il est de plus en plus critiqué par ses proches ?
Cet éditorial anonyme, c’est sûr, ce n’est pas banal ! Je pense que la personne ou les personnes qui ont écrit cette tribune [dans le New York Times] veulent se couvrir pour l’avenir, pouvoir dire qu’elles ont été dans l’administration Trump mais qu’elles n’étaient pas dupes. Quant au livre de Bob Woodward, il ne dit pas autre chose que ce contenait le livre Fury and Fire, sorti en janvier, mais qui était écrit par un journaliste [Michael Wolff] moins recommandable. Cette fois, c’est un très bon reporter qui en est l’auteur. Mais ce qui serait nouveau, ce serait que cette nouvelle péripétie déclenche une procédure de destitution du président pour incapacité physique et mentale.
Est-ce que cela va changer la perception des soutiens de Trump ?
Trump est soutenu par deux blocs électoraux : le premier, ce sont les populistes. Il s’agit de Blancs, peu diplômés, très angoissés par l’économie, l’immigration. Pour eux, l’édito ne change rien, cela va même les renforcer dans leur conviction que des élites travaillent contre le président et que Trump est de leur côté, qu’il les a compris. Le second bloc, ce sont les conservateurs chrétiens qui n’aiment pas Trump, mais qui ont choisi de faire alliance avec lui parce qu’il va nommer des juges très conservateurs à la Cour suprême et lancer une réforme fiscale qui avantagera les grandes entreprises.
Est-ce que cela peut avoir des conséquences sur les élections de mi-mandat prévues en novembre ?
Cet édito et ce livre ne vont sans doute rien changer. Les démocrates détestent déjà Trump, ils ne vont donc pas voter pour lui. Quant aux électeurs de Trump, il y a ceux qui vont voter pour lui afin de le défendre. Et les conservateurs vont voter pour lui parce qu’il sert leurs intérêts, même s’ils savent que ce président est un type épouvantable.
« Les conservateurs vont voter pour Trump parce qu’il sert leurs intérêts.»