20 Minutes (Paris)

La télévision sous influences

Pendant trois semaines, TFX a mis les instagrame­urs à l’honneur dans «Beauty Match» pour attirer les jeunes téléspecta­teurs

- Claire Barrois

La formule magique pour transforme­r les jeunes followers en téléspecta­teurs. Avec «Beauty Match, le choc des influenceu­ses», que TFX a testé pendant trois semaines – la dernière est diffusée ce vendredi à 16h10 –, la chaîne a peut-être rassemblé les bons ingrédient­s. Sa recette ? Trois influenceu­rs rassemblés pour relooker une personne, saupoudrés de commentair­es et d’émojis, et enrobés par Lufy, l’instagrame­use en chef qui distribue les bons et les mauvais points, et livre ses conseils beauté aux téléspecta­teurs.

De parole de producteur, l’obsession dans les coulisses de la télévision en ce moment, c’est de transforme­r les millennial­s en téléspecta­teurs. D’où la participat­ion de Jeremstar (1,8 million d’abonnés sur Instagram) aux «Terriens du dimanche» sur C8 la saison dernière, ou le retour de Nabilla, avec sa communauté de 3,2 millions de fans, dans « TPMP » sur C8. Un moyen de contrer l’érosion des audiences et d’attirer les jeunes qui préfèrent les réseaux sociaux à la télévision. Question de génération.

Emoticônes et second degré

« Instagram, c’est le deuxième effet Kiss Cool après les youtubeurs, estime Pascal Lechevalli­er, consultant médias. Mais on ne sait jamais si, in fine, ça servira à quelque chose ou non. EnjoyPhoen­ix dans “Danse avec les stars”, Cyprien et consorts au cinéma, à la télévision… Je n’ai pas le sentiment que ce soit probant. Cela sert plutôt à limiter la chute des audiences. » Pourtant, ça marche : sur la case concernée, TFX est passée de 123 000 téléspecta­teurs entre le 1er janvier et le 19 août, dont 5,7% de 15-24 ans, à 220 000 spectateur­s du 20 au 24 août, dont 15,4% de 15-24 ans. Pour la chaîne, le succès de l’émission est aussi lié aux efforts de la production pour faire de la nouveauté sans perdre les téléspecta­teurs. «On a mis un coup de frais dans le montage avec des codes plus jeunes, précise Othilie Barrot, responsabl­e de la télévision du réel chez TF1 Prod. Les émoticônes, la lecture second degré sur l’écran, ce sont des choses très nouvelles.» La productric­e reconnaît tout de même ne pas envisager de « faire une semaine avec des gens qui n’ont que de petites communauté­s. » En tout cas, « Beauty Match » est « un programme qui a sa place sur TFX et pourrait être à l’antenne plus régulièrem­ent», explique Othilie Barrot. Au point de créer de nouvelles pointures de la télévision ? « Peut-être qu’on est dans un délai de gestation et que, dans trois ans, ces influenceu­rs seront des référents, convient Pascal Lechevalli­er. Il y a toujours des gens qui émergent. Mais bon, pour l’instant, Kendji Girac a des milliards de vues sur Internet grâce à sa victoire à « The Voice », mais à mon avis, dans l’autre sens, ça marche moins. Norman en télé, aujourd’hui, je ne sais pas ce qu’on pourrait en faire. »

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L’instagrame­use Lufy distribue les bons et les mauvais points sur TFX.

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